La classe, ça existe. David Bowie avait la classe. Dans son genre Prince l'avait aussi, ce truc; ce je-ne-sais-quoi qui fait qu'on remarque votre présence, qu'on la sent. C'est quoi ? Oh, un peu de tout : les fringues, la posture du corps, le regard, les gestes, deux ou trois objets comme une cigarette et une chevalière, la démarche, le timing surtout. Etre là, où il faut quand il faut, comme un bonus au monde tel qu'il va qui devient lentement évident, vital, qui impose sa marque sans brusquer les choses, à la coule. La classe fait qu'on vous distingue de la masse bourdieuesque des clodos de la vie (les fringues de Bourdieu !) et des ploucs. Aldo Maccione a très bien parodié la classe. Si on peut en faire un truc comique, c'est que ça existe bel et bien; c'est à ça qu'on reconnait l'existence d'une chose aussi évanescente que la classe.Attention ! On peut être classe en 2 CV, en punkette, en pantoufles (à talon, avec un désabillé et du parfum pour les femmes; avec une robe de chambre en cachemire et un verre de Cognac pour les hommes), tout est dans la nuance, l'appui ferme et souple d'une présence; c'est ça, le mot important, "présence", et même, plus net, "prestance". Dans ses films, Prince est opposé à sa caricature et à la caricature de la classe, Morris Day, double vulgaire et concupiscent qui drive son groupe The Time. Tout pue l'ostentation chez lui, la frime à pas cher sous des allures qui exhibent les dollars sans honte, mais sans joie, sans prestance. Nuance. Quand il rit à ses propres blagues, Morris Day, tout le monde se marre; quand un mec qui a la classe fait une plaisanterie, tout le monde est bluffé et certains osent un franc sourire. C'est là que l'on voit les dents blanches des jeunes femmes qui baissent un peu les yeux.
Il existe une chanson que personne ne sait vraiment comment prendre. Ca s'appelle :"Donald Trump, Black version" de The Time. Est-ce que Morris Day y fait vraiment l'apologie de Trump ? Est-ce qu'il se fout de sa gueule de cake ? Je vous donne la réponse. Morris Day, endossant son personnage habituel, fait l'apologie du pognon et de Donald Trump, sans aucun doute MAIS, il s'agit d'un personnage (qui existe vraiment, attention, il y a en plein !) et il ne faut pas le prendre au sérieux. Je vais la mettre en-dessous la chanson, c'est une pignolade, une bouffonerie, mais exécutée avec maestria et talent. C'est tout le paradoxe de Morris Day et de The Time, ils ont un talent fou mais ne sont pas sérieux du tout et, finalement, le "Character" (pour employer un terme dont use Day pour parler de lui sur un album solo) a détruit le bonhomme qui n'a plus rien à dire et à montrer depuis longtemps, enferré dans son image de branleur sans l'ombre d'une classe quelconque. Faire-valoir vulgaire de Prince, c'est pas une vie. Donald Trump, Black version ? Est-ce que l'on peut rêver d'un homme qui ait moins la classe que ce "personnage" ? Tarantino en met plein ses films, non ? Et les gens trouvent ça génial. Mais personne ne dit de Tarantino qu'il a la classe, pas vrai ?
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