dimanche 31 janvier 2016

Deuxième round.

Dans mon Top Ten de merde, j'aurais pu mettre plusieurs chansons différentes de Little Richard, mais sans lui ça n'aurait pas eu la même saveur épicée. Finalement, je vais mettre "Keep a Knockin'" parce qu'il me semble que c'est la plus folle (c'est la cas de la dire), la plus déjantée. A danser là-dessus on peut échapper à tout controle et tout casser autour de soi. C'est du furieux, du "out of sight", du "no way out", punk avant la lettre, pas du tout bon esprit mais vivifiant pourvu qu'on en réchappe.
Avec ça, je vais servir un petit truc de blancs super-enervés : "My generation" des Who. C'est un hymne, une folie, une gaminerie de très belle eau dont je ne me remettrais jamais. Purée, ça commence sur deux accords à fond et ça n'arrête pas, jusqu'à démolition complête des instruments. Les Who ont peut-être jouer à Woodstock (Townsend a toujours déclaré haïr ce concert), c'étaient des Huns, à la base, speeds, pas propres, colèriques, mal élevés et toujours avec l'idée que personne ne leur arrivait à la cheville. Il n'y a pas de place pour le doute dans le Rock n Roll ni pour la bienséance. Et le respect se gagne parce qu'à un moment donné, vous êtes un des tous meilleurs et que votre nom luit en tête d'affiche, ne serait-ce que dans votre lycée.

samedi 30 janvier 2016

Premier round.

Je vais jouer à un petit jeu à la con, un peu comme Begbeider l'a fait avec la Littérature dans son "Premier bilan avant l'apocalypse", je vous faire une sorte de top Ten non exhaustif (top onze, douze ???) des morceaux rock les meilleurs. Je vais commencer par ces deux-là. L'un est sur le podium des deux ou trois morceaux les plus dingues de l'histoire du Rock, peut-être le meilleur, l'autre est pas loin derrière. D'abord "Hound dog" d'Elvis Presley, puisqu'il s'agit de cela. Toute l'attitude Rock est là. Un défi permanent à tous, sauf ceux de la bande. Le messages est simple : "Vous avez beau dire et beau faire, le plus marrant, le plus sexy, le plus intelligent, celui avec lequel les filles ont le plus de fun, c'est moi, et vous n'êtes que des demi-sels qui sentez les parents et la naphtaline, ce qui est une honte sans nom." La musique va vite et fort, c'est ça le Rock. C'est pas très malin ni très constructif mais, s'adressant à des jeunes qui poussent à la vitesse de la lumière et qui veulent exprimer leur rage et leur soif de vivre, c'est exactement ce qu'il faut. "You ain't no friend of mine...", moi je suis trop "cooooool" pour toi. Après il y a des métamorphoses, des chantournures, des manières, l'amour de la Mama, c'est bien normal, n'empêche, la base c'est ça.
Ensuite Ray Charles, "Mess around". Littéralement "Foutre le bordel" ou "En vrac". Ahmet Ertegun, futur grand ponte et directeur en chef d'Atlantic avait tellement honte d'avoir composé ce truc-là qu'il la signé sous un pseudo. Ray, lui, le chante avec brio.


Jacques Rivette et le Lapin Blanc.

Jacques Rivette est mort et on en fait tout un battage qui n'a aucune justification possible. Nouvelle Vague ? Et alors ? C'étaient des petits branleurs, plus qu'un à enterrer et on tire l'échelle. Politique des auteurs ? L'idée, si j'ai bien compris, c'était de dire que Hitchcock et Hawks sont aussi importants que Balzac, c'est ça... C'est pas faux. Vous avez déjà lu du Balzac ? Moi, je l'ai fait lire à une copine qui aime bien la revue "Voici" et elle a trouvé ça vachement bien. C'est vrai qu'avec lui on en a pour son argent, la moindre virgule pèse son poids de signification, sans doute parce qu'il était payé à la page. Enfin, tout y passe, les gueules qui font sens, les maisons qui font sens, les vétements qui signifient plus sûrement encore que les gueules, d'où les interminables descriptions qui jalonnent une intrigue dont les femmes de son époque (et de la nôtre) étaient friandes car si pleine de sens et d'enseignement (après que le rouge vous soit monté aux joues) qu'on pouvait même en tirer une petite morale bien utile et rêver. La morale, voilà bien une des préoccupations premières de Jacques Rivette mais la morale moi, je m'en tape. Je veux simplement y voir plus clair, même au prix de l'injustice et de la décadence. Je préfère les films qui ont "le" moral à ceux qui nous font" la" morale, pareils pour les livres, vous tirerez toujours plus de profit d'un bon livre mal-pensant que d'un pensum, généralement de gauche (Camus, Sartre, Tournier, Halter, Picouly, Semprun et compagnie),. Vous avez déjà lu du Stendhal ? Très mal-appris Stendhal, oh la la,  amoral au possible, il ne s'épanouissait que dans la passion contrariée et adultèrine ainsi que dans un esthétisme nostalgique à tendance jouisseuse. Il pensait qu'il serait lu en l'an 2000. Il avait raison. Balzac avait cependant bien aimé "Le Rouge et le Noir", l'avait écrit et ça avait beaucoup fait rire notre homme Stendhal. Moi, je me fendrais bien la gueule à propos de la mort de Jacques Rivette ou plutôt, c'est si peu important à mes yeux que je m'en polirais bien le chinois s'il n'y avait tout ce barouf énervant autour du divinisé trépassé un peu partout dans les médias.
Bon, Paul Kantner, guitariste, chanteur et compositeur du Jefferson Airplaine est mort. Ca, c'est déjà plus emmerdant car le gaillard avait pondu quelques uns des plus grands hymnes psychédéliques de la fin des sixties, aux alentours de la baie de San-Franscisco. "White Rabbit", chantée par sa compagne, la magnétique Grace Slick, est même une des toutes meilleures chansons Rock de tous les temps (préhistoire et le pléistocène compris). Les chansons, c'est moins fort que les livres, bien sûr, mais c'est surpuissant à coté du cinéma; ça accompagne les gens tout au long de leur existence, ça peut aider à la libération d'un être, même partielle, ne serait-ce qu'à la disparition d'un chagrin, d'un malheur, d'une pesanteur et, inversement, ça peut marquer le début d'une histoire d'amour, d'une amitié, d'une chaleur. Les chansons, c'est vital, les films, c'est mortel. Il n'y a pas de morale ou d'impératifs qui tiennent, j'écoute "White Rabbit", je suis un autre, je suis enfin moi-même, sorti de mon merdier intime, dans la lumière. Vous me direz, peut-être que Jacques Rivette était clair, lui ? Tu parles, il était aux fraises et il aurait mieux fait d'écouter du Rock et de lire Stendhal. A son crédit cependant, un film foudroyant, le bien nommé "L'amour fou". Il fallait au moins ça pour qu'il sorte un peu de ses gonds et fendille l'armure et ne serait-ce que pour ce film-là, carrément rock, il lui sera pardonné pas mal de choses ampoulées et ennuyeuses.
Allez, "White Rabbit", inspiré d'un grand déviant pas moral du tout qui avait un faible pour les petites filles, Lewis Carroll himself. (Eh oui, et ce n'est pas un problème, le problème c'est comment faire pour ne pas avoir un faible pour les petites filles !)

jeudi 28 janvier 2016

L'amour dératé

Je suis du genre malheureux en amour. C'est pas la faute à pas de chance, c'est une vocation, une malédiction. Je tombe systématiquement amoureux des mauvaises personnes, qui me font souffrir et pleurer. C'est comme ça, j'ai beau commencer à avoir une bouteille conséquente, je tombe dans le panneau à chaque fois : hystériques, violentes, brutales, malignes, intelligentes, magnifiques, sexys, bing ! coups de tonnerre, éclairs sur la lande, c'est pour ma pomme ! Ca ne dure pas très longtemps en général, juste le temps de bien se faire mal et rendez-vous au Paradis jusqu'à la prochaine fois. Il n'aurait pas fallu que je tombe sur Lio, ça aurait été le carnage assuré. Elle m'électrise Lio. Dans le clip de cette très belle chanson on la voit bien. Les yeux, les ailes du nez, les dents, son petit cul. C'est le damné de l'amour Alain Chamfort qui l'a eue. Encore un fameux loser, lui. Y'a des gens comme ça, c'est joué d'avance : rien que des emmerdes, c'est tout ce qu'ils auront. Pleure pas Lio, je vais le faire.
Lio : "L'autre joue". Le pont de la chanson est superbe.

mercredi 20 janvier 2016

Des morts pour l'amour de quoi ? De l'Art ? Allons, allons...

Ettore Scola est mort. Qu'est ce que ça peut foutre ? Le cinéma est un art très surestimé. C'est beaucoup moins bien que le cirque ou la télévision la plupart du temps. 99 % de la production n'est qu'un brouet infantile qui aide à faire digérer une réalité pas glorieuse, voire insupportable. Et bien le cinéma est un anti-vomitif très efficace. Quand à Scola aucun de ses films n'arrive à la cheville des meilleurs titres de comédie italienne de Risi ou Monicelli (pour ne citer qu'eux), ça le place dans la bouillie des faiseurs appliqués et suranés. Personne n'en parlera plus dans dix ans, si tout va bien.
Reste la Littérature pour nous enrichir la tête et le coeur. Et là, Paf, c'est Michel Tournier qui casse ça pipe. Comme si ça avait la moindre importance. Il n'écrivait pas, il illustrait des thèses avec des histoires et quelques mots savants. Ce n'est rien ces bidules, ça n'existe pas. Si vous avez des idées, faites de la Philo et laissez tomber l'écriture, cette partie sensible et chantante de l'Humanité qui parle et tente de dire ce qui s'impose à elle, contrainte ou liberté. Le chant monte du plus profond d'un auteur, de son intimité, qui est son rapport à la langue. pas les raisonnements, les démonstrations, qui viennent de l'intellect. Dans 20 ans, si tout va bien, Tournier sera aux oubliettes, sauf dans les facs de psycho et de socio.
Tournier, Scola...de qui se moque-t-on ? L'Art c'est autre chose que ces trucs pour midinette de l'Esprit. M David B., par exemple, ici reprenant M Jonathan Richman. "Pablo Picasso"
Ca dit, en gros : "Personne n'a jamais traité Pablo Picasso de trou du cul, contrairement à toi....". Hé, Hé, ça c'est bien vu et diablement cooooooooool !

dimanche 17 janvier 2016

Les héritiers de Bowie ont du pain sur la planche.

David B. est mort. Il laisse derrière lui mille choses que ses héritiers se partageront. Sound and Vision. Pour beaucoup il a été une source d'inspiration de son vivant, de par ses oeuvres remarquables des débuts du petit Davy Jones à la fin mise en scène et en partage de l'icône Bowie. Il a fait le Grand Chelem et mis tout le monde d'accord : c'était l'un des plus grands. Attention, Messieurs, Mesdames, la barre est plutôt plaçée haute. Qui pour prendre la relève ? Ceux qui ne le cherchent pas, évidemment. Donc, ni Placebo, ni Muse. Il y a eux, en tête de liste :

Eux. Aussi aventureux, aussi cinglés.

Eux, en passant par l'Afrobeat. Pédés, pas pédés ? Vidéo louche. Pas d'équerre. Bon pour le service.

Elle ? Oui, félée.
Et lui bien sûr.

jeudi 14 janvier 2016

Living in the Eighties with our friend David B.

Dans les années 80 (celles de ma jeunesse) ce n'était même pas la peine de se pencher sur le passé de Bavid B. (nous le fîmes quand même), il était une force créatrice tous azimut en parfait état de marche. Il y avait bien des rabat-joies de la période berlinoise un peu chagrins qui prétendaient qu'il était sur le déclin mais il fournissait tube sur tube de grande qualité et il n'y avait qu'à se laisser porter par "Under Pressure" avec Queen, "This is not America" avec Pat Metheny et plein de titres en solo. "Dancing in the streets" avec Jagger est peut-être assez faible mais le "Tonight" avec Tina Turner est joliment tourné. A l'époque, pour faire un peu de fric à son ami, il enregistrait pas mal de titres qu'Iggy Pop avait écrits dans les seventies comme ce tonique et frappé "Neighborood threat"et ça sonnait diablement rock. Je ne vous parle même pas du cinéma, il était partout : "Furyo", "Moi, Christiane F....", "La dernière tentation du Christ", "Les prédateurs". David B; a traversé les eighties frais comme une rose et semant à tout vent; il s'est ensuite un peu cherché avec son groupe Tin Machine pour mieux attaquer les nineties complètement neuf. "Jump they say." C'est ainsi que David B. est grand.

Version an 2000

mardi 12 janvier 2016

David Bowie after hours.

Une nuit, je sortais du bar à l'heure de la fermeture avec mes potes et des nanas. Ca n'allait pas, j'étais de mauvais poil, éméché, je me sentais assez dégoûtant et dépenaillé, je sais pas pourquoi. L'alcool pas très bon ? Les filles pas baisantes (baisables) ? Mes copains plus cons que moi ou l'inverse ? Tout ça aurait pu mal se terminer mais David B. m'a sauvé la mise. J'avais un walk-man à l'époque, que je portais à la ceinture. Je l'ai mis en marche et c'est "Modern love" de David Bowie qui a démarré. Alors je me suis mis à courir le plus vite que je pouvais à travers les rues désertes du Mans. J'ai couru comme un dératé, comme un mort de faim, transcendé par la musique de forcenè qui m'arrivait aux oreilles. J'étais propulsé en avant. Le morceau est long, à la fin j'arrivais pas loin du bout de mes capacités cardiaques et respiratoires. On s'est arrêtés, la musique et moi;  j'étais haletant, dégrisé, heureux et j'ai vomi. Puis, lentement, j'ai repris mon souffle, mes esprits, je me suis ensuite réajusté et, tout sourire, je suis parti retrouver mes amis en écoutant la fin de l'album de Bowie et en chantonnant avec lui. C'était une belle nuit, tout compte fait. Plus tard j'ai vu la scène dans un film de Léos Carax. Pourquoi non ? "She said : SSSSHHHH...."
Rock n Roll, David Bowie : "Modern love".

Plus cool, une composition de Duncan Brown : "Criminal world"

L'Etoile Noire de David Bowie s'est éteinte.

J'ai toujours connu le monde avec David Bowie, MON monde. Voilà qu'il est mort et ce monde sera moins beau, moins classe, moins passionnant. Il est génial, Bowie, chaque album était attendu et souvent surprenant, bon la plupart du temps. Bowie avait une puissance créatrice tous azimuts qui semblait inextinguible et qui s'est tue cependant, comme de juste.
J'avais 15 ans et j'allais dans un bar avec des amis plus vieux que moi. Je n'avais pas l'âge de boire de l'alcool mais je m'en foutais un peu, j'étais là pour être en compagnie de mes potes en buvant un diabolo et les écouter. Mais j'avais un plaisir à moi, pas secret puisque tout le monde s'en rendait compte mais bien personnel. J'avais repéré un morceau que j'aimais bien dans le jukebox. Il était passé une fois et j'avais demandé à quelqu'un qui c'était et quelle chanson c'était. Depuis ce moment, régulièrement, je prenais une piécette, allait à la machine et mettait "Rebel, Rebel" de David Bowie. "Rebel, rebel, put on your dress...Rebel, rebel, you're face is a mess..."Qu'est ce que cela voulait dire ? Et puis le riff de guitare ! C'était génial. Des anecdotes comme ça avec Bowie j'en ai cent.
Je mets une chanson de lui. "Cat people". Voix ductile, puissante. Nile Rodgers à la production, Steve Ray Vaughan à la guitare.

samedi 9 janvier 2016

Kurt l'infâme est de retour

Kurt l'infâme, l'ancien chanteur de War on drugs, vient de sortir un nouvel album, très beau, très triste, d'une très pure eau désespérée. Il s'appelle "Believe I'm going down" ("Je crois que je vais m'écrouler"). Dans cette veine-là, qui ne date pas d'hier ("Où sont les neiges d'antan ?"), c'est vraiment un effort touchant et plutôt neuf, entre mélodies répétitives, timbre de voix trainant et cernes sous les yeux. On s'en écoute un peiti peu ? Allez, c'est parti.
Kurt Vile : "That's life tho (almost hate to say).

Kurt Vile "Pretty pimpin'"

mardi 5 janvier 2016

100 pour 1.

Vous avez oublié quelque chose de 2015......hein.... Non, ce n'est pas une question, vous avez oublié quelque chose de 2015. En musique, en tout cas. Donc, voici de quoi vous rattrapez un peu. Oh, juste un peu : 100 morceaux, dont, pour la plupart, vous n'avez pas entendu parler. Moi, non plus, avant que je ne tombe sur cette faramineuse compilation. Mais où avais-je la tête ? Elle était embrumée dans quelques maëlstrom de larmes et de cris. Ah, la la ! (Soupir)

Michel Galabru à terre pour le compte

C'est comme si je perdais un proche. Gros chagrin. Le coeur est alourdi et bat plus vite et plus mal. Quelqu'un que j'aime, qui m'a fait rire, pleurer, qui disait la vérité avec sa fantaisie mélancolique, comme la disent les grands acteurs de comédie. Des bouts de trucs de lui et un requiem.



Spector : " All the sad young men"(qui finissent déguisés en clown.)

And no, nothing ever really started with a kiss
Another night, another town, another licensed premises
I'm getting bored of all the songs I write and the people I become
Just to stay up late with someone
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
I don't want anyone to want to hold my hand
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
It begins in the places that we leave behind
Every year that goes by there's a little less future on our minds
These girls like to pretend they can't feel anything anymore
Boys break like promises, but only behind closed doors
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
I don't want anyone to want to hold my hand
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
(All the sad young men)
We're all beautful now like they were beautiful then
(All the sad young men)
All the miserable girls, all the sad young men
Do you like my clothes, my hair, my conversation
Did you hear me when I said you were the inspiration
It's all meaningless now, as it was meaningless then
All the miserable girls, all the sad young men
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
I don't want anyone to want to hold my hand
I don't wanna make love, I don't wanna make plans
(All the sad young men)
We're all beautful now like they were beautiful then
(All the sad young men)
All the miserable girls, all the sad young men
All the sad young men, all the sad young men
All the sad young men, all the sad young men
All the miserable girls, all the sad young men

dimanche 3 janvier 2016

Delpech pas mort.

Alors, ça y est, 2016 ça déconne déjà, dès le deuxième jour ! C'est du propre. Michel Delpech, impeccable chanteur-crooner à la française est mort et il n'avait PAS 73 ans ! Lamentable. De lui, j'adore "Le loir et Cher", "Chez Laurette", "La montagne", "le chasseur". J'ai eu les boules en écoutant "Les divorcés", j'ai pleuré en écoutant "Quand j'étais chanteur", j'ai soupiré en rêvant sur "La fille avec des baskets" et "Tu me fais plâner". Il avait fait du charme un style; toujours juste, jamais trop, jamais trop peu. Sa voix était veloutée, son sourire enjôleur, son répertoire était populaire, intelligent mais jamais vulgaire (contrairement à celui de Sardou). Il séduisait sans racoler. Il avait eu des coups de blues terribles, des attaques-paniques de la Vie. Il s'était reconstruit à chaque fois. Il avait un courage devenu tranquille, certainement grâce à sa foi. Je n'aime pas l'idée que cet homme doux, fragile et fort ne soit plus là pour nous rassurer sur la fiction qu'était "Quand j'étais chanteur" en l'entonnant encore une fois.
Je la mets celle-là, je l'aime trop.
Et puis "Longue maladie". Ce titre n'est pas seulement une figure de style, c'est un statut administratif très précis qui peut vous tomber dessus si vous allez mal assez longtemps. Cet homme a cotoyé des gouffres. Il s'est soigné, il a trouvé un chemin, singulier. Plus de bonhomme, plus de chemin, plus de chanson. Pas tout à fait. Restent les inaltérables microsillons. Vive les 45 tours ! Putain de 2016 !


samedi 2 janvier 2016

Autoroute pour nulle part.

C'est 2016. il fait un temps anormalement doux. Le soleil brille. Je me sens petit, tout petit. Recroquevillé sur deux ou trois choses dont je ne suis même plus tout à fait sûr. J'aimerais qu'il gèle, me plaindre du froid. La nature va-t-elle "passer une nuit blanche", comme le dit un de mes amis ? Je veux revoir un printemps, c'est tout ce que je demande. Un de plus et basta. Mais pas dans une semaine. Dans trois mois. Est-ce moi qui déconne ou le reste, tout le reste ? Je suis faible, embryonnaire, rapetissé. Personne ne me protège et je n'arrive pas à me contenter de cet état de fait. Quelle faiblesse ! J'ai trop fréquenté les moralistes, les idéologues, les artistes. D'eux il ne me reste plus rien. Du flou, du vague à l'âme. Ce n'est pas assez. Mais les plaintes, tout le monde s'en fout. Cessez de me lire. Allez cherchez l'amour ailleurs. Un printemps. C'est tout ce que je veux,, des bourgeons, ça sera suffisant.