vendredi 11 septembre 2015

Latinos songs from the Sixties.

On a tous entendu parler du "melting pot" américain, ce creuset matriciel dans lequel toutes les différences d'origine et de statut se fondent pour donner naissance à cette créature bizarre : un américain, un américain du nord, un des U.S.A. C'est étrange parce que cette créature est essentiellement un fantasme mais qu'en certaines occasions les habitants des States mettent de coté leurs antagonismes lourds, se mettent en rang, le petit doigt sur la couture du pantalon, la main sur le coeur, prêtent allégeance au drapeau, anxieux d'en découdre avec quiconque menacerait leur mode de vie délirant et deviennnent bel et bien des amerloques.
En fait, les communautés ne se mélangent pas et, si effectivement tous les américains se retrouvent pour adorer le veau d'or dollar, ils le font de manière absolument compartimentée, les blancs d'un coté, les noirs d'un autre, ailleurs les latinos et par là les asiatiques. Même à une époque de l'histoire récente où l'amour et la paix universelle était le rêve d'une génération et pas seulement le rêve, la motivation de ses actes et sa revendication "in vivo", à travers son mode de vie, et bien les différentes communautés y sont allées en ordre dispersé. D'un coté les Black Panthers, de l'autre les Weather Underground. D'un coté Woodstock, où Sly Stone a mis le feu a une foule presque entièrement composée de blancs, et de l'autre le show Wattstax à Los Angeles, avec Issac Hayes exhibant fièrement ses chaines en or à un public noir. Néanmoins certaines femmes blanches ont fait le lien entre les blancs et les noirs et Angela Davis était une icône au-delà de la communauté noire, jusqu'en Europe. N'empêche chacun sa lutte, chacun ses armes, chacun ses chansons. "Eve of destruction" de Barry McGuire pour les blancs, "Ball of confusion" des Temptations pour les noirs. Et les latinos, qu'est ce qu'ils foutaient les latinos ? Les latinos occupaient des quartiers misérables, les "barrios", restaient entre eux, faisaient du business louche, des gangs de voyous, allaient combattre au Vietnam et écoutaient Joe Bataan chanter son Boogaloo. Parce que il ne faut pas l'oublier, Joe Bataan, ni oublier le Boogaloo. L'Amérique est peut-être un bout de Paradis ou un bout d'Enfer, en tout cas c'est une terre bénie pour la musique et dans les années soixante les latinos y allèrent de leurs coups de génie musicaux à eux, et elles les virent enflammer les dancefloors des quartiers, voire les hit-parades du pays comme le firent los blancos y los negros. Le Boogaloo, ça a duré trois, quatre ans grand max, la Salsa a vite débarqué et tout emporté mais c'était chaud, brûlant même, ça ne se traitait qu'à coup de pas de deux ou de Mojitos bien glaçée et même avec un zeste de sous-entendu contestataire, oh, très leger, hein, faut pas pousser les danseurs dans les orties. Et si les latinos étaient assez effacés politiquement, leur musique était un fracas de cuivres et de percussions apte à mettre en sueur et branle toutes sortes de foules plus ou moins bigarrées. Je vais mettre trois exemples. D'abord le pré-cité Joe Bataan dans des morceaux à la limite du controlé (tu parles, c'est au cordeau ! C'est la Furia, le "Swing" qui donne cette impression là.) : d'abord le survolté "Subway Joe" puis le plus mélancolique (mode mineur) "Magic Rose".


Pete "Conde" Rodriguez avec le très dansant "I like it like that".

Pour finir momentanément et non pas achever (la nuit ne fait que commencer) la délirante Lupe dans une version paroxystique de "Fever". Imbattable.

En fait, le "Melting pot" il est là, dans cette lave en fusion qui se déverse en provenance des States sur le monde depuis presque cent ans et les débuts du Jazz.

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