Faire du sport ? Vous m'avez regardé ? J'en suis à la Gym douce et au medecine ball, les amis. Si jamais je me remets à titiller les records du monde, je veux que ça ressemble à ça. "Un esprit sain dans un corps sain ?" J't'emmerde. Moi , mon truc, c'est la sainteté pas la santé, et si y'a pas un peu de souffrance dans la sainteté, ça vaut nibe.
mardi 29 septembre 2015
Art poétique.
Sur l'Art, je ne saurais mieux dire que Joseph Conrad dans la préface de son livre " Le nègre du Narcisse". Rien à ajouter, chaque mot est juste, l'idée lumineuse. La voici en grande partie :
"A l’instar du penseur ou du scientifique, l’artiste recherche la vérité et lance son appel. Sensible à l’apparence du monde, le penseur plonge dans les idées, le scientifique dans les faits – d’où, émergeant au bout d’un certain temps, ils nous appellent aux qualités de notre être qui nous préparent le mieux à cette entreprise hasardeuse qu’est la vie. Ils s’adressent avec autorité à notre bon sens, à notre intelligence, à notre désir de paix ou de troubles, fréquemment à nos préjugés, parfois à nos craintes, souvent à notre égoïsme – mais toujours à notre crédulité.
Et c’est avec respect que l’on écoute leurs paroles, car elles portent sur des sujets graves : sur la culture de notre esprit et les soins propices à notre corps, sur la réalisation de nos ambitions, sur la perfection des moyens et la glorification de nos précieux desseins.
Il en va autrement pour l’artiste.
Confronté au même spectacle énigmatique, l’artiste descend en lui-même et, s’il a du mérite et de la chance, c’est dans cette région solitaire où règnent tensions et dissensions, qu’il trouve les termes de son appel. Un appel qui s’adresse à nos dispositions les moins évidentes, à cette part de notre nature qui, du fait des conditions belliqueuses de notre existence, se dissimule nécessairement derrière les attributs plus résistants et plus rudes – tel le corps vulnérable sous une armure d’acier.
Son appel est moins sonore, plus profond, moins net, plus émouvant – et plus vite oublié. Pourtant, son effet perdure à jamais. La sagesse changeante des générations successives balaie les idées, questionne les faits, démolit les théories.
Mais l’artiste fait appel à cette part de notre être qui ne dépend pas de la sagesse, à ce qui, en nous, est un don et non un gain – et qui, par conséquent, dure plus longtemps. Il s’adresse à notre capacité de ravissement et d’émerveillement, à l’impression de mystère qui entoure nos vies, à notre sens de la pitié, de la beauté et de la douleur, au sentiment latent de notre communion avec la création tout entière – et à cette subtile mais invincible croyance en une solidarité qui tisse ensemble les solitudes de cœurs innombrables : la solidarité de rêves, de joie, de chagrin, d’aspirations, d’illusions, d’espoir, de peur, qui lie les hommes entre eux, qui lie toute l’humanité – les morts aux vivants, et les vivants à ceux qui ne sont pas encore nés.
Toute oeuvre littéraire qui aspire, si humblement soit-il, à la qualité artistique doit justifier son existence à chaque ligne. Et l’art lui-même peut se définir comme la tentative d’un esprit résolu pour rendre le mieux possible justice à l’univers visible, en mettant en lumière la qualité, diverse et une, que récèle chacun de ses aspects. C’est une tentative pour découvrir dans ses formes, dans ses couleurs, dans sa lumière, dans ses ombres, dans les aspects de la matière et les faits de la vie même, ce qui leur est fondamental, ce qui est durable et essentiel - leur qualité la plus lumineuse et la plus convaincante - la vérité même de leur existence.
L’artiste donc, aussi bien que le penseur ou l’homme de science, recherche la vérité et lance son appel. Séduit par l’apparence du monde, le penseur s’enfonce dans la région des idées, l’homme de science dans le domaine des faits, dont ils émergent bientôt pour s’adresser aux qualités de notre être qui nous rendent capables d’affronter la hasardeuse entreprise qu’est notre vie. Ils parlent avec assurance à notre sens commun, à notre intelligence, à notre désir de paix ou d’inquiétude, fréquemment à nos préjugés, parfois à nos appréhensions, souvent à notre égoïsme, mais toujours à notre crédulité ; Et l’on écoute leurs paroles avec respect, car elles ont trait à des graves questions, à la culture de notre esprit ou à l’entretien convenable de notre corps, à l’accomplissement de nos ambitions, à la perfection de nos moyens et à la glorification de nos précieux objectifs.
Il en va autrement pour l’artiste. En présence du même spectacle énigmatique, l’artiste descend en lui-même, et, dans cette région solitaire d’effort et de lutte, il découvre s’il a assez de mérite et de chance les termes d’un message qui s’adresse à nos qualités les moins évidentes : à cette part de notre nature qui, parce que l’existence est un combat, se dérobe nécessairement derrière de plus résistantes et de plus rudes vertus comme le corps vulnérable sous une armure d’acier. Son appel est moins bruyant, plus profond, moins précis, plus émouvant, et plus tôt oublié. Et pourtant son effet persiste à jamais. La changeante sagesse des générations successives fait délaisser les idées, met les faits en question, détruit les théories. Mais l’artiste s’adresse à cette part de notre être qui ne dépend point de la sagesse, à ce qui est en nous un don et non pas une acquisition, et qui est, par conséquent, plus constamment durable.
Il parle à notre capacité de joie et d’admiration, il s’adresse au sentiment du mystère qui entoure nos vies, à notre sens de la pitié, de la beauté et de la souffrance, au sentiment latent de solidarité avec toute la création ; et à la conviction subtile mais invincible de la fraternité qui unit la solitude d’innombrables coeurs : à cette fraternité dans les rêves, dans la joie, dans la tristesse, dans les aspirations, dans les illusions, dans l’espoir et la crainte, qui relie chaque homme à son prochain et qui unit toute l’humanité, les morts aux vivants, et les vivants à ceux qui sont encore à naître."
Joseph Conrad.
"A l’instar du penseur ou du scientifique, l’artiste recherche la vérité et lance son appel. Sensible à l’apparence du monde, le penseur plonge dans les idées, le scientifique dans les faits – d’où, émergeant au bout d’un certain temps, ils nous appellent aux qualités de notre être qui nous préparent le mieux à cette entreprise hasardeuse qu’est la vie. Ils s’adressent avec autorité à notre bon sens, à notre intelligence, à notre désir de paix ou de troubles, fréquemment à nos préjugés, parfois à nos craintes, souvent à notre égoïsme – mais toujours à notre crédulité.
Et c’est avec respect que l’on écoute leurs paroles, car elles portent sur des sujets graves : sur la culture de notre esprit et les soins propices à notre corps, sur la réalisation de nos ambitions, sur la perfection des moyens et la glorification de nos précieux desseins.
Il en va autrement pour l’artiste.
Confronté au même spectacle énigmatique, l’artiste descend en lui-même et, s’il a du mérite et de la chance, c’est dans cette région solitaire où règnent tensions et dissensions, qu’il trouve les termes de son appel. Un appel qui s’adresse à nos dispositions les moins évidentes, à cette part de notre nature qui, du fait des conditions belliqueuses de notre existence, se dissimule nécessairement derrière les attributs plus résistants et plus rudes – tel le corps vulnérable sous une armure d’acier.
Son appel est moins sonore, plus profond, moins net, plus émouvant – et plus vite oublié. Pourtant, son effet perdure à jamais. La sagesse changeante des générations successives balaie les idées, questionne les faits, démolit les théories.
Mais l’artiste fait appel à cette part de notre être qui ne dépend pas de la sagesse, à ce qui, en nous, est un don et non un gain – et qui, par conséquent, dure plus longtemps. Il s’adresse à notre capacité de ravissement et d’émerveillement, à l’impression de mystère qui entoure nos vies, à notre sens de la pitié, de la beauté et de la douleur, au sentiment latent de notre communion avec la création tout entière – et à cette subtile mais invincible croyance en une solidarité qui tisse ensemble les solitudes de cœurs innombrables : la solidarité de rêves, de joie, de chagrin, d’aspirations, d’illusions, d’espoir, de peur, qui lie les hommes entre eux, qui lie toute l’humanité – les morts aux vivants, et les vivants à ceux qui ne sont pas encore nés.
Toute oeuvre littéraire qui aspire, si humblement soit-il, à la qualité artistique doit justifier son existence à chaque ligne. Et l’art lui-même peut se définir comme la tentative d’un esprit résolu pour rendre le mieux possible justice à l’univers visible, en mettant en lumière la qualité, diverse et une, que récèle chacun de ses aspects. C’est une tentative pour découvrir dans ses formes, dans ses couleurs, dans sa lumière, dans ses ombres, dans les aspects de la matière et les faits de la vie même, ce qui leur est fondamental, ce qui est durable et essentiel - leur qualité la plus lumineuse et la plus convaincante - la vérité même de leur existence.
L’artiste donc, aussi bien que le penseur ou l’homme de science, recherche la vérité et lance son appel. Séduit par l’apparence du monde, le penseur s’enfonce dans la région des idées, l’homme de science dans le domaine des faits, dont ils émergent bientôt pour s’adresser aux qualités de notre être qui nous rendent capables d’affronter la hasardeuse entreprise qu’est notre vie. Ils parlent avec assurance à notre sens commun, à notre intelligence, à notre désir de paix ou d’inquiétude, fréquemment à nos préjugés, parfois à nos appréhensions, souvent à notre égoïsme, mais toujours à notre crédulité ; Et l’on écoute leurs paroles avec respect, car elles ont trait à des graves questions, à la culture de notre esprit ou à l’entretien convenable de notre corps, à l’accomplissement de nos ambitions, à la perfection de nos moyens et à la glorification de nos précieux objectifs.
Il en va autrement pour l’artiste. En présence du même spectacle énigmatique, l’artiste descend en lui-même, et, dans cette région solitaire d’effort et de lutte, il découvre s’il a assez de mérite et de chance les termes d’un message qui s’adresse à nos qualités les moins évidentes : à cette part de notre nature qui, parce que l’existence est un combat, se dérobe nécessairement derrière de plus résistantes et de plus rudes vertus comme le corps vulnérable sous une armure d’acier. Son appel est moins bruyant, plus profond, moins précis, plus émouvant, et plus tôt oublié. Et pourtant son effet persiste à jamais. La changeante sagesse des générations successives fait délaisser les idées, met les faits en question, détruit les théories. Mais l’artiste s’adresse à cette part de notre être qui ne dépend point de la sagesse, à ce qui est en nous un don et non pas une acquisition, et qui est, par conséquent, plus constamment durable.
Il parle à notre capacité de joie et d’admiration, il s’adresse au sentiment du mystère qui entoure nos vies, à notre sens de la pitié, de la beauté et de la souffrance, au sentiment latent de solidarité avec toute la création ; et à la conviction subtile mais invincible de la fraternité qui unit la solitude d’innombrables coeurs : à cette fraternité dans les rêves, dans la joie, dans la tristesse, dans les aspirations, dans les illusions, dans l’espoir et la crainte, qui relie chaque homme à son prochain et qui unit toute l’humanité, les morts aux vivants, et les vivants à ceux qui sont encore à naître."
Joseph Conrad.
lundi 28 septembre 2015
Merci Georges Lang.
Me voilà encore redevable d'un truc auprès de Georges Lang. Depuis le temps que je les écoute, lui et sa bande d'ex-afficionados-Rock des "Nocturnes" sur R.T.L ils sont pour beaucoup dans certaines de mes inclinaison en matière de musique. Et donc, voilà les faits : il y a un truc que je n'avais pas compris, c'est l'intérêt du coffret de la ré-édition de "Sticky Fingers" des Rolling Stones. Il y a en bonus une version de "Brown Sugar" avec Clapton qui n'est pas à la hauteur de ce que ça aurait du donner, une prise alternative un peu crade de "Dead Flowers qui n'apporte rien à la chanson, une version acoustique de "Wild Horses" qui... qui... Et c'est là qu'arrive la chose, le bon truc qui fait plaisir, l'intérêt du bidule, de tout le foin qu'on a fait autour ; cette chanson vaut à elle seule pour tout le coffret. Là c'est grâce à lui que j'ai capté ça. George Lang a tellement passé cette version que j'ai fini par l'entendre, et l'entendre bien. Elle est magnifique cette version, c'est celle de référence pour moi, maintenant. Elle me touche énormément
Je sais pas moi, un mec qui arrive à faire passer de la beauté comme ça grâce à son émission de radio et sa ténacité, on lui est tous redevables de quelque chose, non? Comme on est redevable à Shu, Hebey, Lenoir. Putain c'est rare, une constance et une implication pareilles. Ah purée ! Merci, Georges.
Je sais pas moi, un mec qui arrive à faire passer de la beauté comme ça grâce à son émission de radio et sa ténacité, on lui est tous redevables de quelque chose, non? Comme on est redevable à Shu, Hebey, Lenoir. Putain c'est rare, une constance et une implication pareilles. Ah purée ! Merci, Georges.
The Time is on my side.
J'aime bien le Funk. C'est ce qu'on a fait de mieux pour danser, avec certaines musiques afro-cubaines. Voici un de mes morceaux preférés de funk, toutes époques confondues. Ca groove méchamment, c'est flambard, c'est chic, pas du tout seventies ; nineties. Morris Day joue a plein son rôle de winner décomplexé qui a les moyens de vous faire danser et plus mais qui ne supporte pas de dormir autrement que seul dans son lit. Coco, draps de soie, frime, costard mauve, limo et neurasthénie, il ne manque rien : Jerk Out ! Morris Day, c'est le copain de Prince qui joue les mauvais dans les films ratés du Maître Pourpre et il n'a rien à lui envier question groove. Je ne sais pas ce qu'il devient Morris. P'te't qu'il est de la loose maintenant, comme Eric Pessan ??? Pov' Pessan ! Que ses lecteurs comprennent pas bien...
(Au début du morceau, il fait "Bang !". Et ouais, en plein dans le mille, psycho !)
Allez un autre. Terrible. Du début des années 80. Le tutoriel pour apprendre le groove de batterie fait 7 minutes...
Je le mets, pour le fun !
(Au début du morceau, il fait "Bang !". Et ouais, en plein dans le mille, psycho !)
Allez un autre. Terrible. Du début des années 80. Le tutoriel pour apprendre le groove de batterie fait 7 minutes...
Je le mets, pour le fun !
mardi 22 septembre 2015
Je deviens un Jedi. A force, ça rentre..
Ca rime à quoi d'avoir vomi sur Pink Floyd toute sa vie, d'avoir maudit tout le Kraut-Rock et de finir par écouter "ça", franchement. Mon salut passera par King Crimson ? Non mais vous voulez rire ? En tout cas, c'est pas mal ce morceau neo-bab-trash. Comment, ca donne envie de vomir ? Ben justement, j'en parlais au début et faut pas vous embêter pour moi, hein. J'avale de ces couleuvres, moi ! Miam, Miam !
Roger and I
Je ne sais pas grand-chose de Roger Troutman, à part que c'est le petit génie qui se cache derrière Roger and the Human Body et qui officiera bientôt dans Zapp, Roger, ou alors, Zapp and Roger. Le sample imparable de California Love de Tupac c'est de lui. Il était passé maître dans l'utilisation de la "Talk Box", un effet que Peter Frampton avait porté à une gloire paroxistique avec le morceau live "Do you feel like we do". N'empêche celui qui a le plus usé et abusé de l'engin, ce fut Roger Troutman, l'autre de ses marottes étant de mettre des "Hand-clappin'" (battements de mains) systèmatiquement sur (presque) tous les beats de (presque) tous ses morceaux.
Je sais que l'album de Roger and the Human Body qui renferme le hit qui va suivre est un petit chef d'oeuvre qu'on peut sans difficulté accoler et comparer aux albums de l'époque de George Clinton, Cameo, Earth, wind and Fire et qu'il a même de l'avance et annonce les travaux à venir de Prince et même des Talking Heads. Je sais pour finir qu'il y a un vers très gouleyant dans le morceau :" ...I don't want get drunk cos' I don't want to show my behind... but I need one pint of wine..."
Ca s"appelle "Freedom" Liberté. Tout un programme.
Les Talking Heads quatre ans plus tard. Bien inspirés.
Funkadelic en 1975 : "Gett off your ass and jam"/
Je sais que l'album de Roger and the Human Body qui renferme le hit qui va suivre est un petit chef d'oeuvre qu'on peut sans difficulté accoler et comparer aux albums de l'époque de George Clinton, Cameo, Earth, wind and Fire et qu'il a même de l'avance et annonce les travaux à venir de Prince et même des Talking Heads. Je sais pour finir qu'il y a un vers très gouleyant dans le morceau :" ...I don't want get drunk cos' I don't want to show my behind... but I need one pint of wine..."
Ca s"appelle "Freedom" Liberté. Tout un programme.
Les Talking Heads quatre ans plus tard. Bien inspirés.
Funkadelic en 1975 : "Gett off your ass and jam"/
mardi 15 septembre 2015
Un vieux quoi ? Rock n' Roll ? Vous êtes maboul ? Ca existe pas !
Un petit peu de Rock minet qui s'y croit. Et pourquoi pas ? C'est presque aussi bon que du David Bowie, non ?
En voilà "un vieux Rock n' Roll". Vous vous rappelez l'intro déboulante speedée du morceau "Rock n Roll", justement, de Led Zeppelin ? Et bien c'est le batteur de Little Richard qui l'a inventée. Ben oui. (Si un jour je mets du Led Zeppelin sur ce blog, ça sera pas du casher)
Vous avez entendu ? Il y a du saxo dans les deux morceaux. C'est tout, vaut mieux ne pas comparer. David Bowie joue du saxophone aussi, non ? Hum, hum.
En voilà "un vieux Rock n' Roll". Vous vous rappelez l'intro déboulante speedée du morceau "Rock n Roll", justement, de Led Zeppelin ? Et bien c'est le batteur de Little Richard qui l'a inventée. Ben oui. (Si un jour je mets du Led Zeppelin sur ce blog, ça sera pas du casher)
Vous avez entendu ? Il y a du saxo dans les deux morceaux. C'est tout, vaut mieux ne pas comparer. David Bowie joue du saxophone aussi, non ? Hum, hum.
vendredi 11 septembre 2015
Latinos songs from the Sixties.
On a tous entendu parler du "melting pot" américain, ce creuset matriciel dans lequel toutes les différences d'origine et de statut se fondent pour donner naissance à cette créature bizarre : un américain, un américain du nord, un des U.S.A. C'est étrange parce que cette créature est essentiellement un fantasme mais qu'en certaines occasions les habitants des States mettent de coté leurs antagonismes lourds, se mettent en rang, le petit doigt sur la couture du pantalon, la main sur le coeur, prêtent allégeance au drapeau, anxieux d'en découdre avec quiconque menacerait leur mode de vie délirant et deviennnent bel et bien des amerloques.
En fait, les communautés ne se mélangent pas et, si effectivement tous les américains se retrouvent pour adorer le veau d'or dollar, ils le font de manière absolument compartimentée, les blancs d'un coté, les noirs d'un autre, ailleurs les latinos et par là les asiatiques. Même à une époque de l'histoire récente où l'amour et la paix universelle était le rêve d'une génération et pas seulement le rêve, la motivation de ses actes et sa revendication "in vivo", à travers son mode de vie, et bien les différentes communautés y sont allées en ordre dispersé. D'un coté les Black Panthers, de l'autre les Weather Underground. D'un coté Woodstock, où Sly Stone a mis le feu a une foule presque entièrement composée de blancs, et de l'autre le show Wattstax à Los Angeles, avec Issac Hayes exhibant fièrement ses chaines en or à un public noir. Néanmoins certaines femmes blanches ont fait le lien entre les blancs et les noirs et Angela Davis était une icône au-delà de la communauté noire, jusqu'en Europe. N'empêche chacun sa lutte, chacun ses armes, chacun ses chansons. "Eve of destruction" de Barry McGuire pour les blancs, "Ball of confusion" des Temptations pour les noirs. Et les latinos, qu'est ce qu'ils foutaient les latinos ? Les latinos occupaient des quartiers misérables, les "barrios", restaient entre eux, faisaient du business louche, des gangs de voyous, allaient combattre au Vietnam et écoutaient Joe Bataan chanter son Boogaloo. Parce que il ne faut pas l'oublier, Joe Bataan, ni oublier le Boogaloo. L'Amérique est peut-être un bout de Paradis ou un bout d'Enfer, en tout cas c'est une terre bénie pour la musique et dans les années soixante les latinos y allèrent de leurs coups de génie musicaux à eux, et elles les virent enflammer les dancefloors des quartiers, voire les hit-parades du pays comme le firent los blancos y los negros. Le Boogaloo, ça a duré trois, quatre ans grand max, la Salsa a vite débarqué et tout emporté mais c'était chaud, brûlant même, ça ne se traitait qu'à coup de pas de deux ou de Mojitos bien glaçée et même avec un zeste de sous-entendu contestataire, oh, très leger, hein, faut pas pousser les danseurs dans les orties. Et si les latinos étaient assez effacés politiquement, leur musique était un fracas de cuivres et de percussions apte à mettre en sueur et branle toutes sortes de foules plus ou moins bigarrées. Je vais mettre trois exemples. D'abord le pré-cité Joe Bataan dans des morceaux à la limite du controlé (tu parles, c'est au cordeau ! C'est la Furia, le "Swing" qui donne cette impression là.) : d'abord le survolté "Subway Joe" puis le plus mélancolique (mode mineur) "Magic Rose".
Pete "Conde" Rodriguez avec le très dansant "I like it like that".
Pour finir momentanément et non pas achever (la nuit ne fait que commencer) la délirante Lupe dans une version paroxystique de "Fever". Imbattable.
En fait, le "Melting pot" il est là, dans cette lave en fusion qui se déverse en provenance des States sur le monde depuis presque cent ans et les débuts du Jazz.
En fait, les communautés ne se mélangent pas et, si effectivement tous les américains se retrouvent pour adorer le veau d'or dollar, ils le font de manière absolument compartimentée, les blancs d'un coté, les noirs d'un autre, ailleurs les latinos et par là les asiatiques. Même à une époque de l'histoire récente où l'amour et la paix universelle était le rêve d'une génération et pas seulement le rêve, la motivation de ses actes et sa revendication "in vivo", à travers son mode de vie, et bien les différentes communautés y sont allées en ordre dispersé. D'un coté les Black Panthers, de l'autre les Weather Underground. D'un coté Woodstock, où Sly Stone a mis le feu a une foule presque entièrement composée de blancs, et de l'autre le show Wattstax à Los Angeles, avec Issac Hayes exhibant fièrement ses chaines en or à un public noir. Néanmoins certaines femmes blanches ont fait le lien entre les blancs et les noirs et Angela Davis était une icône au-delà de la communauté noire, jusqu'en Europe. N'empêche chacun sa lutte, chacun ses armes, chacun ses chansons. "Eve of destruction" de Barry McGuire pour les blancs, "Ball of confusion" des Temptations pour les noirs. Et les latinos, qu'est ce qu'ils foutaient les latinos ? Les latinos occupaient des quartiers misérables, les "barrios", restaient entre eux, faisaient du business louche, des gangs de voyous, allaient combattre au Vietnam et écoutaient Joe Bataan chanter son Boogaloo. Parce que il ne faut pas l'oublier, Joe Bataan, ni oublier le Boogaloo. L'Amérique est peut-être un bout de Paradis ou un bout d'Enfer, en tout cas c'est une terre bénie pour la musique et dans les années soixante les latinos y allèrent de leurs coups de génie musicaux à eux, et elles les virent enflammer les dancefloors des quartiers, voire les hit-parades du pays comme le firent los blancos y los negros. Le Boogaloo, ça a duré trois, quatre ans grand max, la Salsa a vite débarqué et tout emporté mais c'était chaud, brûlant même, ça ne se traitait qu'à coup de pas de deux ou de Mojitos bien glaçée et même avec un zeste de sous-entendu contestataire, oh, très leger, hein, faut pas pousser les danseurs dans les orties. Et si les latinos étaient assez effacés politiquement, leur musique était un fracas de cuivres et de percussions apte à mettre en sueur et branle toutes sortes de foules plus ou moins bigarrées. Je vais mettre trois exemples. D'abord le pré-cité Joe Bataan dans des morceaux à la limite du controlé (tu parles, c'est au cordeau ! C'est la Furia, le "Swing" qui donne cette impression là.) : d'abord le survolté "Subway Joe" puis le plus mélancolique (mode mineur) "Magic Rose".
Pete "Conde" Rodriguez avec le très dansant "I like it like that".
Pour finir momentanément et non pas achever (la nuit ne fait que commencer) la délirante Lupe dans une version paroxystique de "Fever". Imbattable.
En fait, le "Melting pot" il est là, dans cette lave en fusion qui se déverse en provenance des States sur le monde depuis presque cent ans et les débuts du Jazz.
mardi 8 septembre 2015
"Loneliness is such a drag" J. Hendrix.
Alone. Seul. Ce que je souhaite désespérement ne pas être et que je suis toujours, ne pouvant pas faire autrement que de me réfugier dans ce que j'aimerais fuir. Forçé, contraint par un système nerveux defaillant . Ah, il n'y aura pas grand-monde à mon enterrement, ça c'est sûr. Je ne suis pas d'accord avec Jacques Brel quand il dit que "l'homme est un animal parfaitement seul", désolé Jacquot mais c'est faux ça. Certaines personnes fragiles, craintives au contact, oui, en général, non et c'est bien comme ça. De toute façon il était con Jacques Brel.
Il y a cette phrase de Jim Morrison aussi : "Music is your only friend...Until the end..." Ca c'est vrai, ça peut arriver qu'il n'y ait plus que la musique. Moi, ça m'arrive même assez souvent. C'est pareil, c'est bien comme ça.
Je vais mettre une vidéo là, c'est les Ohio Players extrait de leur meilleur album, "Honey" et ça s'appelle "Alone", justement. Après, je mets l'album en entier parce que les Ohio Players sont un groupe absolument sans équivalent dans l'histoire de la musique funk-rock et qu'il fait bon les écouter un peu sur la longueur. Non, vraiment, c'est excellent et les pochettes de leurs albums sont biens aussi, bonnes pour la santé. Enfin, je crois.
Alors, "Alone".
Et l'album "Honey" .
Il y a cette phrase de Jim Morrison aussi : "Music is your only friend...Until the end..." Ca c'est vrai, ça peut arriver qu'il n'y ait plus que la musique. Moi, ça m'arrive même assez souvent. C'est pareil, c'est bien comme ça.
Je vais mettre une vidéo là, c'est les Ohio Players extrait de leur meilleur album, "Honey" et ça s'appelle "Alone", justement. Après, je mets l'album en entier parce que les Ohio Players sont un groupe absolument sans équivalent dans l'histoire de la musique funk-rock et qu'il fait bon les écouter un peu sur la longueur. Non, vraiment, c'est excellent et les pochettes de leurs albums sont biens aussi, bonnes pour la santé. Enfin, je crois.
Alors, "Alone".
Et l'album "Honey" .
dimanche 6 septembre 2015
Ris donc, Caliban !
Je suis en train de lire un truc que j'aurais du lire depuis longtemps : "Rigodon" de Louis-Ferdinand Céline. Le problème avec Céline, c'est qu'il a beau être infréquentable du fait de son action collabo avec les Allemands en 39-45, au vingtième siècle et même là, après la guerre, juste avant de calancher, c'est un des tous meilleurs, un styliste hors-pair. En fait, il n'est mauvais que pendant la guerre, là où il a vraiment eu les coudées franches pour dire tout ce qu'il voulait. Là, il a éructé, il a craché sa bile dans tous les sens, sur tous le monde et ça ne tenait plus la route, ça débordait, ça bavait, ce n'était plus bon. Donc, exit "L'école des cadavres", "Les beaux draps" et dans une moindre mesure " Bagatelle pour un massacre" (je dis dans une moindre mesure parce que dans ce livre-là il n'est pas encore complètement "déchainé" et que, donc, c'est parfois bon).
Mais avant la guerre et après, il est tenu, retenu par une sorte de "réserve" que lui impose la société française comme elle va et là, il mesure, oh que oui, et c'est au cordeau; du ciselè pur-jus, de l'Art grande cuvée, toujours sur la très pure corde du contre-ut casse-gueule mais tenu.
Alors donc, dans "Rigodon", il raconte la fin de son périple en Allemagne pendant la défaite des Nazis qui le conduira au Danemark où il se terrera avant que Jean Paulhan ne puisse le faire revenir en France sans qu'il soit fusillé, et franchement, c'est tordant, en plus d'être bien écrit comme jamais. A un moment il raconte un peu son présent à Meudon et il explique que Roger Nimier vient le voir pour trouver avec lui un truc de gauche qu'il a bien du faire dans sa vie, même sans s'en rendre compte, parce que Céline, il est bon, mais il est pas défendable. Céline cherche, cherche, c'est dur mais il trouve : c'est Elsa Triolet, impeccable communiste et compagne du "povoite" (Aragon), qui a traduit le "Voyage au bout de la nuit" en russe d'U.R.S.S. Bon, ça tombera à l'eau aussi, ce truc-là. Mais la façon dont il raconte son espèce d'épopée branquignolle de train en train dans une Allemagne en ruines, accompagné de son chat Bébert, de sa femme, de l'acteur Le Vigan et d'une bande de gogols locaux croustillants est tout simplement hilarante. Et je le répète, tout est écrit au cordeau. Il y a une phrase là-dedans qui m'a marqué, preuve qu'il est encore bien leste intellectuellement : "La première fois est tragique, la seconde fois est grotesque". Ca se tient plutôt bien comme citation "définitive", comme aurait dit Sacha Guitry.
Je mets cette vidéo pour illustrer mon article. Céline y est interviewé par Pierre Dumayet en 1957, avant "Rigodon", pour ce qui constitue un autre livre de souvenirs (lui, il dit qu'il est "chroniqueur", pas acteur) : "D'un chateau l'autre". Céline s'y montre tour à tour hilarant (quand il se compare à une "fine chienne de traineau") émouvant (quand il parle de son enfance au Passage Choisel à Paris) et très très roué et malin (quand il parle de "l'affaire Pétain"). La fin, les tous derniers mots, sont incroyables
Mais avant la guerre et après, il est tenu, retenu par une sorte de "réserve" que lui impose la société française comme elle va et là, il mesure, oh que oui, et c'est au cordeau; du ciselè pur-jus, de l'Art grande cuvée, toujours sur la très pure corde du contre-ut casse-gueule mais tenu.
Alors donc, dans "Rigodon", il raconte la fin de son périple en Allemagne pendant la défaite des Nazis qui le conduira au Danemark où il se terrera avant que Jean Paulhan ne puisse le faire revenir en France sans qu'il soit fusillé, et franchement, c'est tordant, en plus d'être bien écrit comme jamais. A un moment il raconte un peu son présent à Meudon et il explique que Roger Nimier vient le voir pour trouver avec lui un truc de gauche qu'il a bien du faire dans sa vie, même sans s'en rendre compte, parce que Céline, il est bon, mais il est pas défendable. Céline cherche, cherche, c'est dur mais il trouve : c'est Elsa Triolet, impeccable communiste et compagne du "povoite" (Aragon), qui a traduit le "Voyage au bout de la nuit" en russe d'U.R.S.S. Bon, ça tombera à l'eau aussi, ce truc-là. Mais la façon dont il raconte son espèce d'épopée branquignolle de train en train dans une Allemagne en ruines, accompagné de son chat Bébert, de sa femme, de l'acteur Le Vigan et d'une bande de gogols locaux croustillants est tout simplement hilarante. Et je le répète, tout est écrit au cordeau. Il y a une phrase là-dedans qui m'a marqué, preuve qu'il est encore bien leste intellectuellement : "La première fois est tragique, la seconde fois est grotesque". Ca se tient plutôt bien comme citation "définitive", comme aurait dit Sacha Guitry.
Je mets cette vidéo pour illustrer mon article. Céline y est interviewé par Pierre Dumayet en 1957, avant "Rigodon", pour ce qui constitue un autre livre de souvenirs (lui, il dit qu'il est "chroniqueur", pas acteur) : "D'un chateau l'autre". Céline s'y montre tour à tour hilarant (quand il se compare à une "fine chienne de traineau") émouvant (quand il parle de son enfance au Passage Choisel à Paris) et très très roué et malin (quand il parle de "l'affaire Pétain"). La fin, les tous derniers mots, sont incroyables
Podium
Comme les choses vont étrangemment parfois. Il a fallu que George Lang invite Yann Moix dans son émission Les Nocturnes, sur R.T.L., pour que je découvre Karen Dalton. A cinquante ans passés. Moix propose une sélection de ce qu'il aime et en parle chez Lang et là, paf, le choc. Dire que j'ai failli mourir sans avoir entendu la voix de cette chanteuse qui, maintenant que je la connais bien, est une des toutes meilleures au monde tous styles confondus. Je la place à l'égal de Kathleen Ferrier et d'Ella Fitzgerald, ce qui n'est pas rien, avouez-le, et constitue un trio de choc de l'émotion pure à la disposition de tous. Comment se fait-il que j'ai du attendre aussi longtemps pour connaître Karen Dalton ? Ca déconne sec sur les autoroutes de l'information, les mecs. La transmission passe mal ! Et voilà que je me trouve redevable envers ce clown tristoune de Yann Moix ! Panade ! Non, semi-panade, je ne t'oublierai pas Yann quand il s'agira de descendre ce qui fait ton pain littéraire quotidien et qui est au moins aussi bon que celui de Houellebecq ou d'Angot (encore un trio de choc !), je serai magnamime.
Alors maintenant il faut écouter Karen Dalton, parce qu'on est pas pareil avant qu'après et que c'est supérieur à 95% de la musique que je connais, que sa voix est un bain de jouvence, une cure d'éternité retrouvée en chansons de trois minutes. Etonnant, non ? Non, renversant, stupéfiant, incroyable, en un mot ( qu'aimait beaucoup employer un de mes amis mélomane) : "inouï !" C'est là, tout l'amour du monde, ça chaloupe, ça swingue, ça vient nous apaiser le coeur et nous coller des frissons. Elle a d'excellents musiciens avec elle. Elle en était une aussi, très douée à la guitare et au banjo. Dylan dit d'elle que c'est la meilleure chanteuse avec laquelle il est duétisé. Ecouter, réécouter, ç'est un baume pour l'esprit et le corps, ça ne cesse pas, jamais, d'être bon, inlassablement, une panacée à ne pas croire. Moi, je sais que ça prend de la place dans ma vie maintenant. Une bonne et belle place. A vous de voir. Je colle un album en entier (il y en a trois en tout), il faut au moins ça.
Alors maintenant il faut écouter Karen Dalton, parce qu'on est pas pareil avant qu'après et que c'est supérieur à 95% de la musique que je connais, que sa voix est un bain de jouvence, une cure d'éternité retrouvée en chansons de trois minutes. Etonnant, non ? Non, renversant, stupéfiant, incroyable, en un mot ( qu'aimait beaucoup employer un de mes amis mélomane) : "inouï !" C'est là, tout l'amour du monde, ça chaloupe, ça swingue, ça vient nous apaiser le coeur et nous coller des frissons. Elle a d'excellents musiciens avec elle. Elle en était une aussi, très douée à la guitare et au banjo. Dylan dit d'elle que c'est la meilleure chanteuse avec laquelle il est duétisé. Ecouter, réécouter, ç'est un baume pour l'esprit et le corps, ça ne cesse pas, jamais, d'être bon, inlassablement, une panacée à ne pas croire. Moi, je sais que ça prend de la place dans ma vie maintenant. Une bonne et belle place. A vous de voir. Je colle un album en entier (il y en a trois en tout), il faut au moins ça.
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