lundi 24 août 2015

La Grande Guerre.

Je lutte. Je suis en guerre depuis tellement longtemps maintenant. Je dirais de mon ennemi qu'il est peu surprenant et que je le connais par coeur. Il change peu et donc j'ai pu lui asséner moults coups et me faire mal mais ça ne me tue pas. Cet ennemi consentant à la torture, à la violence, au mal, c'est moi. Je me suis scindé en deux et je me livre une lutte à mort. A vrai dire la mort est déjà là, latente, la haine ou l'amour, tous les deux excessifs, que je me porte à coups de débordement physiques ou mentaux, me mettent dans un état morbide de passivité sans but et de culpabilité pervertie. Je me soigne à grands coups de médocs, de rêves éveillés mégalos et de mauvais sommeil. C'est surtout fatiguant, à la longue. Au début, j'ai cru que c'était la société qui était mal faite, qu'il y avait une injustice commise à mon égard et aussi envers plein d'autres. Je suis grand maintenant et c'est vrai que le monde ne tourne pas très rond mais je sais aussi que toutes ces petites croyances absolutistes en un grand soir de joie égalitaire étaient puériles et sont simplement un masque que ma colère avait revétu. Oui, ma colère et ma tristesse, si complètement invincibles, si complètements intangibles, contre lesquelles j'ai beau me débattre et qui gagnent toujours à la roulette russe de "rogner un petit peu de vie, c'est toujours ça de pris". Je ne connais pas le calme, pas la paix, pas le repos. Et pourtant, je travaille peu. Non, le travail, le mien, est celui que la Bête fait sur la Bête, une destruction habile et la plupart du temps, presque silencieuse, qui portera ses fruits tôt ou tard (j'ai déjà frôler la mort). Je me fais la guerre, je me ronge, je me tue, à petit feu, très surement pour respecter une promesse, celle que j'ai faite à une femme qu'elle ne partira pas seule. Je l'accompagne. Je prolonge sa peine. Je mourrai avec elle, en elle, et elle en moi. Je meurs avec elle et je me sers de la vie pour ça. C'est la toute la perversité de la chose, sa seule beauté, si l'on veut bien y songer un instant, cette fidélité, cette promesse faite que la fin aura un sens puisqu'elle se fera à deux. Je lutte à deux, je fais la guerre à deux, l'avantage c'est que je mourrai à deux, toute solitude brûlée comme un mauvais combustible, moi qui en connais de bien meilleurs. Illusions ? Ah, ça c'est une idée ! Vous en avez une autre à me proposer ? Comment ? Une viable ? Vous êtes trop bon !


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