Je comptais écrire un petit article sur Louis Jourdan, incarnation du "French lover" à Hollywood, acteur dont l'élégance et le regard sombre et brillant m'ont toujours touché et voilà que c'est la mort de Lesley Gore qui requiert ma plume.
C'est assez difficile d'écrire quelque chose qui soit un tant soit peu intelligent sur le Rock n' Roll et qui ne soit pas une pâle imitation scribouillarde et parodique de l'énergie de cette musique. Je vais néanmoins essayer et essayer de dire pourquoi.
N'importe quel mélomane un peu averti vous dira que, dans la plupart des cas, c'est une musique d'une pauvreté sans nom. Les poètes se prennent la tête à deux mains et se mordent au sang devant tant d'inanité quand ils entendent les paroles des chansons qui font le pain quotidien de l'amateur de musique Pop. Paroles et musique, est-ce donc si nul ? C'est faire peu de cas de l'immensité du territoire vierge jusqu'alors arpenté et défriché par le Rock, DU DEDANS, je veux parler des énormes et surpuissantes passions adolescentes, terreau conscient/inconscient de notre vie future auquel celle-ci restera toujours indéfectiblement liée. L'adolescence, ce sont les américains qui l'ont inventé, comme période, comme force, comme évidence. Ils disent "Teen-age". Toutes l'astuce des Rockers, un peu plus vieux mais immatures jusqu'à l'os, a consisté à vendre les tourments et les rages de l'adolescence dans toute leur violence aux adolescents récemment dotés d'argent de poche et donc de pouvoir d’achat, afin de leur renvoyer une image à la fois solitaire et regroupée de ce qu'ils sont, des être roulants à toute bombe dans toutes les directions sur une autoroute dix fois trop large pour eux. (Ils pensent : trop petite). Sur cette lancée, on peut vivre toute sa vie et passer à coté de l'âge adulte sans perte ni fracas, sans plus se poser de questions. Avec l'allongement de la durée de la vie la jeunesse est devenue plus consistante, il s'agit d'en jouir sans s'en rendre trop compte, sans se rendre compte qu'il y a autre chose... Que quoi ? Que l'amour, le sexe, l'alcool, la vitesse, l'insolence, la vulgarité, la noblesse, la baston, les fringues, la frime, la drogue ? Parce que il y a autre chose, vraiment ?
Tout ce que je peux faire d'un peu sensé dans ma vie me vient de là, alors je peux aussi bien penser dessus et écrire dessus, ce n'est pas si bête, car ce qu'on appelle "l'âge bête" a été pour moi comme pour tant d'autre un âge déterminant dont je ne suis pas sorti et dont je refuse de sortir. Cela revient à me donner un point de vue assez original sur la vie, l'amour et les vaches et me permet de dire que toute cette musique adolescente à une une force et une émotion intrinsèques que même les plus ronchons des sociologues du C.N.R.S devront bien reconnaître un jour. Mais, moi, je ne suis pas chercheur au C.N.R.S., j'ai un blog que tout le monde peut lire et je refuse de parler sérieusement du Rock. Gravement, comme si ma vie en dépendait, à mi chemin entre le rire furieux et le torrent de larmes oui, sérieusement, non. Parce que je suis en partie encore un "Teenager" et que je continue de roulez vite sur une autoroute encore trop petite pour moi et qui ne me mène nulle part aussi sûrement que le plus heideggerien des chemins. De là, je peux donner à ce qui me liront un point de vue sur le Rock et sa "sous-culture" (et le reste) qui ne soit ni tronqué ni condescendant, et qui soit, j'espère, un tantinet pertinent.
Alors, voilà, Lesley Gore est morte, elle avait chanté "It's my party" où elle disait "C'est la fête de mon anniversaire, la fête de mon anniversaire et je pleurerais si j'en ai envie, je pleurerais si j'en ai envie...Et tu pleurerais aussi, si ça t'arrivait..." Pouvez-faire mieux, vous ? Pas moi. Baudelaire a fait mieux ? Et Schubert ? Bof.
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