Les bonnes nouvelles ne sont pas légion et quand il y en a, elles sont fausses. Merdre !
N'empêche, ça m'a fait du bien quelques temps. En attendant que Clint Eastwood plie bagages.
Bon, là, en fait, c'est Spock, de Star Trek qui vient de passer l'arme à gauche. Fin des années 60, lui et le capitaine Kirk avaient sorti des albums psychédéliques pas piqués des hannetons. Une compilation en avait extrait la substantifique moelle plus tard. Ça s'appelait "Space Out". On s'en met un brin ? Là, c'est le titre "Highly Illogical" Pauvre Leonard Nimoy, Il ne s'en sera jamais tiré de son rôle de Vulcain. Sa dernière autobiographie s'appelait : "Je suis Spock". Ah si, il avait joué dans "Mission impossible", un peu.
samedi 28 février 2015
mercredi 25 février 2015
- Qui es-tu ? - Toi.
C'est une blessure au fond du cœur. On a cautérisé comme on a pu. A la brûlure. Le feu et le sang se sont mêlés dans un alliage plus incandescent encore qui coulait et emportait tout sur son passage, funeste et vivifiant, laissant cendres et larmes derrière lui. Toutes sortes de remèdes furent essayés en vain; plâtres, potions, calmants, plantes et onguents n'y firent rien, il fallait que le sang coulât et qu'il fût chaud. Il y avait dans ce corps qui aurait du exploser depuis longtemps, dans cette âme qui aurait du partir en fumée, quelque chose qui excédait les règles de la Vie elle-même et la Mort avait, avant son propre temps, part à ce bain de sang rebelle. Trop de Vie, trop de sang, trop de mal, trop de plaisir, tout allait trop vite dans ce corps qui se déformait avec le Temps et que rien, bien qu'il commençât à partir en lambeaux, ne pouvait ralentir dans sa course au dernier souffle. Et quand le corps serait tomber au sol, le jus du sang, voltigeant dans la terre, vivifierait bien quelque terreau propice à des envolées avortées, car on n'est pas du Ciel et de la Terre en même temps, sauf à payer le prix d'un impossible Antre 2. Etre là, c'est être blessé là. Au cœur. Et que ce cœur maudit, qui bat trop vite et mal, périsse comme tous ceux de sa sorte avant lui, hors d'haleine au bout de sa course sanglante, rythmée de musiques folles.
mercredi 18 février 2015
Du Gore, du Gore, du Lesley Gore !
Je comptais écrire un petit article sur Louis Jourdan, incarnation du "French lover" à Hollywood, acteur dont l'élégance et le regard sombre et brillant m'ont toujours touché et voilà que c'est la mort de Lesley Gore qui requiert ma plume.
C'est assez difficile d'écrire quelque chose qui soit un tant soit peu intelligent sur le Rock n' Roll et qui ne soit pas une pâle imitation scribouillarde et parodique de l'énergie de cette musique. Je vais néanmoins essayer et essayer de dire pourquoi.
N'importe quel mélomane un peu averti vous dira que, dans la plupart des cas, c'est une musique d'une pauvreté sans nom. Les poètes se prennent la tête à deux mains et se mordent au sang devant tant d'inanité quand ils entendent les paroles des chansons qui font le pain quotidien de l'amateur de musique Pop. Paroles et musique, est-ce donc si nul ? C'est faire peu de cas de l'immensité du territoire vierge jusqu'alors arpenté et défriché par le Rock, DU DEDANS, je veux parler des énormes et surpuissantes passions adolescentes, terreau conscient/inconscient de notre vie future auquel celle-ci restera toujours indéfectiblement liée. L'adolescence, ce sont les américains qui l'ont inventé, comme période, comme force, comme évidence. Ils disent "Teen-age". Toutes l'astuce des Rockers, un peu plus vieux mais immatures jusqu'à l'os, a consisté à vendre les tourments et les rages de l'adolescence dans toute leur violence aux adolescents récemment dotés d'argent de poche et donc de pouvoir d’achat, afin de leur renvoyer une image à la fois solitaire et regroupée de ce qu'ils sont, des être roulants à toute bombe dans toutes les directions sur une autoroute dix fois trop large pour eux. (Ils pensent : trop petite). Sur cette lancée, on peut vivre toute sa vie et passer à coté de l'âge adulte sans perte ni fracas, sans plus se poser de questions. Avec l'allongement de la durée de la vie la jeunesse est devenue plus consistante, il s'agit d'en jouir sans s'en rendre trop compte, sans se rendre compte qu'il y a autre chose... Que quoi ? Que l'amour, le sexe, l'alcool, la vitesse, l'insolence, la vulgarité, la noblesse, la baston, les fringues, la frime, la drogue ? Parce que il y a autre chose, vraiment ?
Tout ce que je peux faire d'un peu sensé dans ma vie me vient de là, alors je peux aussi bien penser dessus et écrire dessus, ce n'est pas si bête, car ce qu'on appelle "l'âge bête" a été pour moi comme pour tant d'autre un âge déterminant dont je ne suis pas sorti et dont je refuse de sortir. Cela revient à me donner un point de vue assez original sur la vie, l'amour et les vaches et me permet de dire que toute cette musique adolescente à une une force et une émotion intrinsèques que même les plus ronchons des sociologues du C.N.R.S devront bien reconnaître un jour. Mais, moi, je ne suis pas chercheur au C.N.R.S., j'ai un blog que tout le monde peut lire et je refuse de parler sérieusement du Rock. Gravement, comme si ma vie en dépendait, à mi chemin entre le rire furieux et le torrent de larmes oui, sérieusement, non. Parce que je suis en partie encore un "Teenager" et que je continue de roulez vite sur une autoroute encore trop petite pour moi et qui ne me mène nulle part aussi sûrement que le plus heideggerien des chemins. De là, je peux donner à ce qui me liront un point de vue sur le Rock et sa "sous-culture" (et le reste) qui ne soit ni tronqué ni condescendant, et qui soit, j'espère, un tantinet pertinent.
Alors, voilà, Lesley Gore est morte, elle avait chanté "It's my party" où elle disait "C'est la fête de mon anniversaire, la fête de mon anniversaire et je pleurerais si j'en ai envie, je pleurerais si j'en ai envie...Et tu pleurerais aussi, si ça t'arrivait..." Pouvez-faire mieux, vous ? Pas moi. Baudelaire a fait mieux ? Et Schubert ? Bof.
C'est assez difficile d'écrire quelque chose qui soit un tant soit peu intelligent sur le Rock n' Roll et qui ne soit pas une pâle imitation scribouillarde et parodique de l'énergie de cette musique. Je vais néanmoins essayer et essayer de dire pourquoi.
N'importe quel mélomane un peu averti vous dira que, dans la plupart des cas, c'est une musique d'une pauvreté sans nom. Les poètes se prennent la tête à deux mains et se mordent au sang devant tant d'inanité quand ils entendent les paroles des chansons qui font le pain quotidien de l'amateur de musique Pop. Paroles et musique, est-ce donc si nul ? C'est faire peu de cas de l'immensité du territoire vierge jusqu'alors arpenté et défriché par le Rock, DU DEDANS, je veux parler des énormes et surpuissantes passions adolescentes, terreau conscient/inconscient de notre vie future auquel celle-ci restera toujours indéfectiblement liée. L'adolescence, ce sont les américains qui l'ont inventé, comme période, comme force, comme évidence. Ils disent "Teen-age". Toutes l'astuce des Rockers, un peu plus vieux mais immatures jusqu'à l'os, a consisté à vendre les tourments et les rages de l'adolescence dans toute leur violence aux adolescents récemment dotés d'argent de poche et donc de pouvoir d’achat, afin de leur renvoyer une image à la fois solitaire et regroupée de ce qu'ils sont, des être roulants à toute bombe dans toutes les directions sur une autoroute dix fois trop large pour eux. (Ils pensent : trop petite). Sur cette lancée, on peut vivre toute sa vie et passer à coté de l'âge adulte sans perte ni fracas, sans plus se poser de questions. Avec l'allongement de la durée de la vie la jeunesse est devenue plus consistante, il s'agit d'en jouir sans s'en rendre trop compte, sans se rendre compte qu'il y a autre chose... Que quoi ? Que l'amour, le sexe, l'alcool, la vitesse, l'insolence, la vulgarité, la noblesse, la baston, les fringues, la frime, la drogue ? Parce que il y a autre chose, vraiment ?
Tout ce que je peux faire d'un peu sensé dans ma vie me vient de là, alors je peux aussi bien penser dessus et écrire dessus, ce n'est pas si bête, car ce qu'on appelle "l'âge bête" a été pour moi comme pour tant d'autre un âge déterminant dont je ne suis pas sorti et dont je refuse de sortir. Cela revient à me donner un point de vue assez original sur la vie, l'amour et les vaches et me permet de dire que toute cette musique adolescente à une une force et une émotion intrinsèques que même les plus ronchons des sociologues du C.N.R.S devront bien reconnaître un jour. Mais, moi, je ne suis pas chercheur au C.N.R.S., j'ai un blog que tout le monde peut lire et je refuse de parler sérieusement du Rock. Gravement, comme si ma vie en dépendait, à mi chemin entre le rire furieux et le torrent de larmes oui, sérieusement, non. Parce que je suis en partie encore un "Teenager" et que je continue de roulez vite sur une autoroute encore trop petite pour moi et qui ne me mène nulle part aussi sûrement que le plus heideggerien des chemins. De là, je peux donner à ce qui me liront un point de vue sur le Rock et sa "sous-culture" (et le reste) qui ne soit ni tronqué ni condescendant, et qui soit, j'espère, un tantinet pertinent.
Alors, voilà, Lesley Gore est morte, elle avait chanté "It's my party" où elle disait "C'est la fête de mon anniversaire, la fête de mon anniversaire et je pleurerais si j'en ai envie, je pleurerais si j'en ai envie...Et tu pleurerais aussi, si ça t'arrivait..." Pouvez-faire mieux, vous ? Pas moi. Baudelaire a fait mieux ? Et Schubert ? Bof.
dimanche 8 février 2015
Roulez jeunesse !
On ne peut pas dire que la musique de d'jeuns envahisse ce blog. Je suis largué, j'ai cinquante ans et je fatigue, autant de bonnes raisons de ne plus être à la page et de ressasser deux ou trois obsessions qui me coupent un peu du courant porteur, mainstream ou alternatif. Et puis, nous vivons dans la post-modernité et tous les vieux trucs sont validés par la mode du "rétro-vintage" et les fantasmes plus ou moins puérils des jeunes générations. Les fantômes de ma jeunesse se portent bien, merci. Reste quand même un groupe d'invincibles tenants de la modernité qui tentent de faire avancer le bastringue de la musique populaire mais pas démago vers un nulle part qui serait rassérénant, s'il n'avait pas l'air tout à fait balisé. Merde. Mais enfin, on ne sait jamais, il y a des bonnes surprises.
Voici donc trois morceaux de musique de d'jeuns. Attention aux images ! Ces mecs ont été élevés dans un tel flux non-stop d'images en tout genre qu'ils en font maintenant des marquantes, des pas anodines, histoire que le spectateur post-moderne accroche à quelque chose entre deux pubs survitaminés pour un parfum ou une caisse. Je vous aurais prévenus. La musique, elle, est nette comme les lentilles du télescope Hubble. L’ère intergalactique approche.
Un truc que j'aimais bien, que j'aime bien. Goldie "Letter of fate"
Voici donc trois morceaux de musique de d'jeuns. Attention aux images ! Ces mecs ont été élevés dans un tel flux non-stop d'images en tout genre qu'ils en font maintenant des marquantes, des pas anodines, histoire que le spectateur post-moderne accroche à quelque chose entre deux pubs survitaminés pour un parfum ou une caisse. Je vous aurais prévenus. La musique, elle, est nette comme les lentilles du télescope Hubble. L’ère intergalactique approche.
Un truc que j'aimais bien, que j'aime bien. Goldie "Letter of fate"
Ariel Pink au sommet de son Art.
Ariel Pink m'a tout l'air d'être un grand artiste. Son dernier album est très bon, riche, bien produit, réussi. En plus de ça, il a mis en ligne une série de trois vidéos illustrant ses chansons qui sont aussi bien faites qu'elles mettent sûrement mal à l'aise. Qu'importe (les tièdes), cet univers qui peut sembler anxiogène n'en demeure pas moins strictement et joliment humain. Il faut accueillir sans rechigner dans le sein de la communauté des hommes tous les "freaks" que nous présente Ariel Pink et tout d'abord Rick Wilder, punk-rocker pur jus de la Californie des années 80 et auteur du définitif "(I'm) Psychotic" et que l'on voit dans le clip que je mets ci-dessous. La vie de Rick Wilder n'a été qu'une suite ininterrompue d'excès en tout genre, de révolte, d'accélération, parfois à vide, souvent à plein tube. Il a toujours été d'un maigreur terrifiante et maintenant c'est tout son corps, des cheveux aux orteils, qui lui fait payer sa vie d'être humain hors les rails et qui renâcle pour lui, contre lui. Il semble casquer sans trop broncher, ça serait indécent. Clairement, il fait peur. MAIS c'est néanmoins, et ô combien, mon frère et tout comme moi, il a besoin d'un ange. On a tous besoin d'un ange, surtout les plus délattés d'entre nous, les à peine viables, les surnuméraires. J'ai rencontré des anges, pas beaucoup mais j'en ai connus. J'ai l'impression qu'avec l'âge et la platitude monotone qui lui est inhérente, j'ai moins de chances d'en connaître encore un. Qui sait ? Mais tous ces mots délayeront peut-être un peu l'impact de la vidéo, ils ne sont, au fond, qu'un moyen d'en désamorcer le choc. J'aurais du la balancer comme ça, sans long discours. J'espère que vous allez quand même vous la prendre dans la gueule.
Là, je mets une vidéo d'Ariel Pink chantant avec des enfants C'est entièrement et complètement naturel, absolument raccord. Il est en phase avec eux, tout en restant à sa place de créateur de musique pop décalé et troublante. Il est fort, cet Ariel Pink !
Là, je mets une vidéo d'Ariel Pink chantant avec des enfants C'est entièrement et complètement naturel, absolument raccord. Il est en phase avec eux, tout en restant à sa place de créateur de musique pop décalé et troublante. Il est fort, cet Ariel Pink !
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mercredi 4 février 2015
Bob Dylan : passé le pont, les Ombres vinrent à sa rencontre.
En hommage à Bob Dylan, magicien en chef qui insuffle la beauté à tout ce qu'il touche, je vais faire un truc que je ne fais jamais : mettre une vidéo POUR la vidéo. Bien sûr, le morceau est excellent, au moins aussi bon que le "Things have changed" de 2000, nous sommes maintenant en 2009 et les choses ont continué de changer. C'est ce que je ressens en regardant la vidéo de ce "Beyond here lies nothing", l'amour, c'est différent maintenant, ça n'a plus la même saveur, c'est autre chose. Ca a toujours été comme ça ? Ah bon, ben alors c'est moi qui retarde. Il est vrai que je suis assez vieux jeu, des fois.
Bob Dylan : une ombre dans la nuit.
Comme le dit justement Sylvain Vanot -musicien et Docteur es Dylanologie- "Il faut bien que Bob Dylan se trouve des raisons de se lever tous les matins", et je rajouterais, et d'échapper à la nuit. Oui, Dylan n'a plus rien à prouver à personne, il sort de temps en temps un album de très bonne facture et continue son "Never Ending Tour" (N.E.T.), arpentant le globe au fil des saisons et à son gré. En fait, il se contente de faire ce qu'il sait faire, il fait de la Musique (de la bonne) et il en fera jusqu'au bout. C'est ce que tout artiste véritable expérimente dans son domaine particulier d'excellence, il en a toujours été ainsi et, avec un peu de bol, ça continuera.
Seulement voilà, Bob Dylan est un artiste d'exception et toute forme de train-train lui déplaît, ça ne colle pas avec ce qu'il est, un aventurier du Mid-West émigré à New-York, U.S.A., Monde. Donc, n'écoutant que son coeur, son envie, son courage, et peut-être autre chose, il a décidé de sortir un album composé de classiques de la chanson américaine, s'attaquant ainsi à quelques perles de "l'American Songbook" qui ont connu des interprétations mémorables et multiples. Et voilà que Dylan arrive haut la main à s'insérer dans le catalogue et a se hisser à son niveau. C'est tout bonnement et directement émouvant. Ce n'était pas évident car qui dit "chanson" dit avant tout "Voix", performance vocale et, sur ses derniers albums de Rock, Dylan ne nous avait pas fait l'effet d'un crooner mais bien d'un charretier à l'organe éraillé. Preuve que ce type maîtrise parfaitement ce qu'il fait, il s'est mis pour cet album-ci sur son 31 et chante. Bien. Le tapis musical country-jazz (?!?) qu'il a concocté avec ses musiciens est génial et propice à l'écoute de la voix du vieux chanteur, mélomane sage et amateur digne; il est d'une grande unité formelle et d'une grande douceur. Là-dessus se détache les interprétations, douces aussi, de Dylan, toutes en retenue et feeling, qui du coup ne sombre à aucun moment dans un lyrisme facile (comme cela peut arriver à Bryan Ferry, par exemple, par excès de vibrato). Bref, tout cela est d'une grande tenue et, à une époque où la tenue a tendance à se faire la malle au profit d'un n'importe quoi débraillé (mentalement, parce que les fringues sont plutôt au poil) et criard, ça tranche et ça fait du bien.
Mais il y a peut-être une explication plus profonde à cet essai réussi de Dylan sur ce terrain des chansons, et même à ceux qui l'ont précédé, sur un mode strictement Rock ? Ce n'est pas tant une question de train-train que d'usure et de mort. Peut-être que Bob Dylan tente, classe ultime, un fondu-enchaîné dans la nuit qui arrive pour lui ? Peut-être est-ce cette ambition démesurée qui est belle, et plus belle encore la mise en oeuvre délicate du projet ? Lui seul le sait maintenant, et comme devant toutes les grandes oeuvres de grands artistes, un jour nous nous retrouverons nous aussi seuls face à la sienne. Seuls mais pas abandonnés. C'est même ça l'Art : un acte solitaire contre l'abandon.
Je signale deux chansons en particulier : "I'm a fool to want you", dont la version définitive a été gravée par Billie Holyday, garde ici un potentiel émotionnel vibrant, et "Automn Leaves", adaptation américaine de Johnny Mercer des "Feuilles Mortes" de Prévert et Kosma. C'est pour moi une collision temporelle heureuse qui mêle le poète populaire français que je lisais au collège, le musicien migrant d'exception et le poète "beat" qui m'accompagne depuis que j'ai 16 ans et, d'une certaine façon et en souriant un peu, moqueur et content, je ne vois pas ce que je pourrais demander de plus que ça : Dylan chantant du Prévert et Kosma.
Cora Vaucaire, la créatrice des feuilles mortes.
Pour celle-là Dylan a reçu un Oscar en 2000 pour la B.O. du film "Wonder boys", d'où elle est extraite. La vidéo de Curtis Hanson (réalisateur du film) mélange habilement extraits du film et plans de Dylan. Oui, beaucoup de choses ont changé. Pas la nuit. Je peux en témoigner.
J'ai discuté un peu avec Bob, en priant le Dieu YouTube, et il est d'accord pour que je mette cette chanson issue de son dernier album, à la base une scie de Frankie "Blue-eyed" Sinatra, "Full moon and empty arms". Eh oui, en ce moment c'est la pleine lune.
Seulement voilà, Bob Dylan est un artiste d'exception et toute forme de train-train lui déplaît, ça ne colle pas avec ce qu'il est, un aventurier du Mid-West émigré à New-York, U.S.A., Monde. Donc, n'écoutant que son coeur, son envie, son courage, et peut-être autre chose, il a décidé de sortir un album composé de classiques de la chanson américaine, s'attaquant ainsi à quelques perles de "l'American Songbook" qui ont connu des interprétations mémorables et multiples. Et voilà que Dylan arrive haut la main à s'insérer dans le catalogue et a se hisser à son niveau. C'est tout bonnement et directement émouvant. Ce n'était pas évident car qui dit "chanson" dit avant tout "Voix", performance vocale et, sur ses derniers albums de Rock, Dylan ne nous avait pas fait l'effet d'un crooner mais bien d'un charretier à l'organe éraillé. Preuve que ce type maîtrise parfaitement ce qu'il fait, il s'est mis pour cet album-ci sur son 31 et chante. Bien. Le tapis musical country-jazz (?!?) qu'il a concocté avec ses musiciens est génial et propice à l'écoute de la voix du vieux chanteur, mélomane sage et amateur digne; il est d'une grande unité formelle et d'une grande douceur. Là-dessus se détache les interprétations, douces aussi, de Dylan, toutes en retenue et feeling, qui du coup ne sombre à aucun moment dans un lyrisme facile (comme cela peut arriver à Bryan Ferry, par exemple, par excès de vibrato). Bref, tout cela est d'une grande tenue et, à une époque où la tenue a tendance à se faire la malle au profit d'un n'importe quoi débraillé (mentalement, parce que les fringues sont plutôt au poil) et criard, ça tranche et ça fait du bien.
Mais il y a peut-être une explication plus profonde à cet essai réussi de Dylan sur ce terrain des chansons, et même à ceux qui l'ont précédé, sur un mode strictement Rock ? Ce n'est pas tant une question de train-train que d'usure et de mort. Peut-être que Bob Dylan tente, classe ultime, un fondu-enchaîné dans la nuit qui arrive pour lui ? Peut-être est-ce cette ambition démesurée qui est belle, et plus belle encore la mise en oeuvre délicate du projet ? Lui seul le sait maintenant, et comme devant toutes les grandes oeuvres de grands artistes, un jour nous nous retrouverons nous aussi seuls face à la sienne. Seuls mais pas abandonnés. C'est même ça l'Art : un acte solitaire contre l'abandon.
Je signale deux chansons en particulier : "I'm a fool to want you", dont la version définitive a été gravée par Billie Holyday, garde ici un potentiel émotionnel vibrant, et "Automn Leaves", adaptation américaine de Johnny Mercer des "Feuilles Mortes" de Prévert et Kosma. C'est pour moi une collision temporelle heureuse qui mêle le poète populaire français que je lisais au collège, le musicien migrant d'exception et le poète "beat" qui m'accompagne depuis que j'ai 16 ans et, d'une certaine façon et en souriant un peu, moqueur et content, je ne vois pas ce que je pourrais demander de plus que ça : Dylan chantant du Prévert et Kosma.
Cora Vaucaire, la créatrice des feuilles mortes.
Pour celle-là Dylan a reçu un Oscar en 2000 pour la B.O. du film "Wonder boys", d'où elle est extraite. La vidéo de Curtis Hanson (réalisateur du film) mélange habilement extraits du film et plans de Dylan. Oui, beaucoup de choses ont changé. Pas la nuit. Je peux en témoigner.
J'ai discuté un peu avec Bob, en priant le Dieu YouTube, et il est d'accord pour que je mette cette chanson issue de son dernier album, à la base une scie de Frankie "Blue-eyed" Sinatra, "Full moon and empty arms". Eh oui, en ce moment c'est la pleine lune.
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