J'ai le sentiment qu'il existe une très grosse arnaque aujourd'hui sur le peintre allemand Gerhard Richter. Je lis un peu partout qu'il montre par ses toiles que "la peinture n'est pas morte" et à moi il me semble que c'est tout le contraire, qu'il a réussi la gageure de détruire la peinture tout en en vendant, dans sa définition canonique, à des prix défiants toute concurrence. Il n'a fait que reprendre le geste de Duchamp et l'a appliqué avec toiles, pinceaux et huiles. C'est définitivement malin et même un sacré programme, mais c'est stérile. Allons-y. Prenons sa première période, celle des photos peintes, qu'il rend floues. Il nous faut partir d'un constat amer : rares sont les photos, d'où qu'elles viennent, où on voit quelque chose ; la plupart du temps, 99 % du temps, on ne voit rien et on s'en fout, on regarde et on oublie : par son floutée il renvoie la photo à son néant mais fait entrer la Peinture dans le sien puisqu'elle n'arrive plus à exprimer sa vertu première qui est de "faire voir". Ainsi dans les toiles de Richter de cette époque il n'y a "rien" à voir sinon la mort de la peinture, d'ailleurs il aime à reprendre cette phrase de John Cage : "Je n'ai "rien" à dire et je le dis". Le flou, c'est la corbeille de l'ineptie dans laquelle passe la peinture, un échec à dire quelque chose, sinon "rien". Pourtant, lui-même parle d'effets positifs de la peinture, de la création. Il ne peut que mentir. Je suis sûr qu'il pense le contraire. Pour lui l'Art ne fait pas "sens", pas plus que pour Duchamp ou Warhol, et les effets "positifs" de la création sont ceux qu'il peut mesurer sur son compte en banque ou sa santé (peindre comme "chier"). Prenons maintenant ces toiles abstraites. On aurait envie de dire "compositions", sauf que non, c'est tout sauf des compositions. D'après ce qu'il dit il semble qu'il se laisse aller à peindre (gribouiller?) jusqu'à ce qu'il lui semble bon de s'arrêter. Où est la nécessité de la forme ? Ou sont les lignes de force ? La vision ? Quand un peintre abstrait pose la première touche de peinture sur sa toile elle est DEJA finie, ça n'a plus qu'à couler de source dans la joie de l'effort. La peinture abstraite serait donc une sorte de vide-tête, vide-poche ou l'on met tout et rien, en tout cas rien de sensé, rien de senti ? Ce serait trop simple, c'est tout simplement faux et il faut regarder les toiles abstraites de Richter pour se rendre compte que ça engendre de la laideur. Mais ça complète sa démarche et dynamite les us de la peinture abstraite dans ce qu'elle produit de meilleur. Ça tue ce pan-là de la création picturale avec les armes mêmes de la peinture. Il n'y a nulle surprise alors à ce que Richter peigne "le nu descendant l'escalier" de Duchamp, tableau impossible car "non" définitif à la peinture. Ce paradoxe n'en est pas un, c'est Richter qui est malhonnête avec qui ne sait pas voir en évoquant un "positif" de la peinture car ce positif, s'il existe bien, n'est absolument pas de son coté. Lui, il détruit, il nuit, il annihile, sans rendre à la Vie ce que lui doit l'Homme, créature né pour la représentation, et peut-être, de la représentation.
Le seul intérêt positif que je voie à la chose c'est sa morbidité. D'ailleurs propre aux portraits photographiques.
Ca, je sais pas ce que ça veut dire.
Et une vanité avec un crane à l'envers. Ben tiens, mon cochon !
Bon, au-dessous, j'ai mis un grand maître de l'Art Abstrait pour bien faire la différence.
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