J'ai l'impression que les noirs sont sur le toit du monde. Tout du moins en ce qui concerne la musique Pop, son show-business et ses ventes d'albums. Tant mieux, ce n'est qu'un juste retour des choses. Toute la musique occidentale populaire vient d'eux et, plus exactement, elle est le fruit paradoxal et généreux de l'esclavage africain massif qui a eu lieu aux 18ième et 19ième siècles dans tout le Nouveau Monde. Maintenant c'est le Monde entier qui écoute du Rap, du Rn'B, du Reggae. Ça a mis du temps, c'était pas gagné d'avance et finalement c'est là, évidence. Pendant longtemps, il y a eu les classements de ventes de disques réservés aux noirs : les charts "Coloured", comme on disait. Tamla Motown est arrivée, quelques vrais amateurs blancs de négritude aussi, qui ont bousculé les codes et mis les noirs au sommet des Hit-parades. Il y eut Marvin Gaye, Stevie Wonder, Funkadelic, Michael Jackson, Prince, on s'est habitué à les voir aux premières places. Maintenant ils les trustent toutes et c'est normal, parce qu'en plus du marketing impitoyable qui rend fou, ce qu'ils font en digne d'être écouté. De plus, dans le domaine de l'underground Electro, il y a aussi plein de blacks qui sont à la pointe de la post-modernité.
En 1979, quand j'ai commencé à écouter de la musique, ce n'était pas tout à fait pareil pour les noirs, comme si les murs des ghettos n'étaient pas encore lézardés et loin de s'effondrer. État des lieux de l'époque. Le Reggae était une force majeure de ces temps. Il venait de s'imposer grâce à Marley et ça n'allait plus s'arrêter. Moi, j'écoutais ça, un des rares groupes de Reggae formé en Angleterre par des immigrés Jamaïcains et qui cartonnait : "Steel Pulse". Leurs paroles sont fondamentalement chiantes mais le "pouls" est vraiment en acier trempé et rutilant, sans parler de leurs merveilleuses voix.
Coté funk, les deux triomphateurs à venir, M. Jackson et Prince, fourbissaient leurs armes encore presque en secret, mais ces deux-là ont tendance, par le succès qu'ils connurent quelques années plus tard, à faire ombre à la profusion d'artistes noirs de musique dansante de l'époque. Ils étaient légion. Deux figures, une qui était déjà importante, l'autre qui allait le devenir : Maurice White, des Earth, Wind et Fire et Rick James, de chez Rick James
(Parait que ce morceau est devenu culte en France. J'ai longtemps cru que Philippe Manœuvre et moi étions les deux seuls à l'écouter)
Dans la vidéo ci-dessous, on notera tout particulièrement la dégaine des danseuses qui laisse à deviner les penchants sexuels de l'auteur de cette bluette. Vous allez vous sentir moins seuls. Vous allez sentir tout court, d'ailleurs.
Mais, à cette époque le truc le plus branché, le plus "in", c'était la New-Wave anglaise. Là, c'était un peu plus dur de trouver des noirs parmi les esthètes grand-bretons qui rivalisaient d'inventivité, pourtant on en trouve, et pas des moindres. Ainsi le groupe Basement 5 mêla les basses du Dub et les guitares stridentes du Punk pour créer une musique restée jusqu'à aujourd'hui unique et sans équivalent. Ces quatre membres étaient noirs. Un seul album. Renversant.
J'ai évoqué dans mon post précédent le groupe Magazine. Le bassiste n'était autre que Barry Adamson, qui fit une traversée des années 90/ 2000 triomphale (cf le titre "Something wicked tis way come"). Je ne sais pas s'il est noir ou métis. En tout cas, voici un morceau des Magazine de 1980 et un des plus beaux de sa carrière postérieure, chanté par Jarvis Cocker. A noter que le bonhomme a aussi fait partie des Bad Seeds de Nick Cave.
Magazine : "Because you're frightened". Pas cessé d'avoir peur depuis.
Barry Adamson "Set the controls for the heart of the pelvis".
Et puis il y eut, au tournant des années 70 et 80 un revival Ska très puissant emmené par le génial groupe multi-racial The Spécials. Leur premier album fut produit par Elvis Costello et Joe Strummer, une belle ascendance, et fourmille de belles choses, comme ce "Gangsters".
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