mercredi 4 septembre 2013

D'une certaine idée de la Pop Music en Angleterre.

1985. Après le boucan anxiogène des Punks et la froide et foisonnante descente aux enfers New Wave, une vague de sophistication, voire de maniérisme, s'abattait sur une Angleterre pas mécontente de se réveiller élégante et toute pimpante. Déjà, chez quelques chantres de la New Wave perçait clairement ce souci pour le look, l'attitude, la distance qui, pour certains, se délitera parfois en pose.
Les arrangements les plus chiadés, les compositions les plus soignées, les textes les plus intelligents viendront d'une bande d'artistes (parfois faussement) propres sur eux, bien coiffés et sensément de bonne famille. Celui qui ira le plus loin dans cette démarche est Green Gartside sous le nom de groupe de "Scritti politti". Ce nom est tiré du titre original d'un recueil d'articles du penseur et leader marxiste italien Gramsci. Il est certain que Gartside les a lus, peut-être pas en italien mais il les a lus.
Voici comment Paddy McAloon, autre grand auteur sophistiqué au sein de ses Prefab Sprout, parle des velléités de Gartside d'utiliser les théories structuralistes pour créer son excellente chanson "The world Girl". Il est dithyrambique. En-dessous le morceau de Scritti Politti. On comprend pourquoi.


Au grès de son inspiration Gartside citera aussi bien Aretha Franklin que Derrida et sortira un album qui se vendra très bien, au titre splendide et ambitieux : "Cupid and Psyche". Ce qui me frappe, c'est aussi la fraîcheur du truc.
Paddy Mc Aloon ne sera pas en reste et après avoir commis le superbe "Steve Mc Queen", toujours en 1985, riche en voix feutrées, en arrangements profus et somptueux, il s'attaquera vertement au Mythe Américain en 1988 sur le non moins superbe "From Langley Park to Menphis", plein d'air pur, lui aussi.
Alors, "Absolute" par Scritti Politti (1985) et "Cars and Girls" (1988) de Prefab Sprout, dans laquelle Mc Aloon donne une petite leçon de conduite à Bruce Springsteen qui avait trusté les premières places des charts peu avant avec l'album "Born in the U.S.A" et les singles qui en furent issus.

On peut toujours se foutre du look de Gartside, moi, je dis qu'il était "Swagg", point-barre. Enfin, si c'est pas lui, c'est ses potes. Et puis alors, la suite d'accords... WAOU !

Vous avez écouté la chanson "Born in the U.S.A" ? C'est du terrorisme pur et simple. Pas le texte, pas l'intention, d'accord, mais le son du truc ; le coté Stallone dans "Rambo" de Springsteen quand il se met à gueuler.

Pour en finir (provisoirement) avec cette petite victoire de l'intelligence dans un milieu (la musique Pop) où la bêtise est une valeur sûre, je vais soigneusement évité de mettre des vidéos de Billy Idol et Frankie goes to Hollywood, en dépit de l'affection que je leur porte, et me faire plaisir avec un bon tube de Human League et un dernier Scritti Politti, tiré de "Anomie and bonhomie", petite perle sorti en 1999. Green Gartside a sorti deux autres bons albums depuis et on peut le voir en live et en forme sur Youtube. On n'arrête pas le talent aussi facilement qu'on croit. Les coups de ciseaux des coiffeurs non plus.




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