Je voudrais rendre hommage à Séverin Blanchet qui est mort la semaine dernière dans un attentat à Kaboul. Je l'avais rencontré récemment et à propos de son engagement auprès de jeunes documentaristes afghans il m'avait dit : " Ah ça, aller là-bas c'est une belle connerie !". Ben oui, c'en était une. Et puis non, Séverin Blanchet était un mec bien qui a transmis son savoir et sa passion du cinéma documentaire un peu partout sur la planète. Il a fait son boulot, enfin je crois qu'il a fait ce qu'il estimais devoir faire. Maintenant il est mort mais il nous reste plein de choses de lui : ces docus, son enseignement et finalement une PRESENCE. La mort est dans la vie. La vie est dans la mort. Ces deux ordres différents, indéfectiblement liés, font qu'on vient de loin et qu'il faut aller le plus loin possible les transmettre. Je pense à Séverin, à sa surprenante composition dans le dernier film de Iosseliani, un des seuls metteurs en scène de cinéma encore en activité digne de ce nom. Dans le film le personnage interprété par Séverin passe dans un souffle de vie continu et joyeux de la condition de Ministre à celle de jardinier. La VIE, LA VIE se fraye un chemin, des repères sont posés, nous devons tout réinventer à chaque aube qui point : planter, semer, récolter, mourir. Je dédicace humblement la vidéo qui suit à Séverin Blanchet. J'étais au concert de Young ce soir là. A un tel niveau d'intensité émotionnelle je ne vois pas quoi en dire. Il fallait y être. En regardant cette trace fixée par l'image et le son d'un moment de Vie, c'est à dire pour moi, de Création, j'ai l'impression que Séverin n'est pas mort sans descendance, sans héritage à nous laisser, et de quelle valeur ! Celle de la Vie même, nôtre trésor absolu, nôtre joie, nôtre peine. J'ai l'impression qu'il est là et qu'il me dit à l'oreille, ironique et chaleureux " Allez, Gaël, continue de faire du rock dans un Monde libre !" Je m'y emploie, Séverin, humblement, mais crois bien que je m'y emploie
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