De Camus, j'étais resté dans l'éblouissement de son roman inachevé " Le Premier Homme " et de ses nouvelles " Les noces " et " L'été ". J'ai un souvenir vif de la fin de " l'Homme Révolté ": " La pensée de Midi". Mais je n'avais jamais lu sa pièce de théâtre : " Les Justes ". Or il se trouve que j'ai assisté hier soir à la répétition générale de cette pièce qui va être donner à Rennes pendant deux semaines, dans une mise en scène de Stanislas Nordey avec, entre autres, Emmanuelle Béart. En préliminaire Nordey à pris la parole pour nous expliquer que la pièce n'était pas encore au point, qu'il y avait des ajustements de rythme à faire ( tu parles, d'après ce qu'il a dit la pièce peut durer entre deux heures et demi et trois heures !), se qualifiant lui-même de "bourreau de travail". Dès le début j'ai senti que c'était mal barré. Ce mec s'écoute parler à un point où on dirait qu'il joue à être Stanislas Nordey. Dire qu'il a le melon relève de l'euphémisme élégant. Bon, le noir se fait, le rideau se lève et là... Mon dieu, mais quelle purge ! Les décors sont à chier, la mise en scène inepte au point de faire rire des moments qui devraient être les plus poignants et le jeu des acteurs d'une pesanteur telle que des sacs de pomme de terre avachis seraient plus pétillants. Et la Pièce ! Aie Aie Aie. C'est d'une connerie ! Jamais entendu un tel déferlement de phrases assertives. Ce n'est pas du théatre c'est une suite de professions de foi toute plus idiotes les une que les autres assénées sur un ton qui tente le mariage impossible du lyrisme hystérique et de la retenue ascétique. Résultat les acteurs ont l'air d'en chier comme des mulets et de serrer les fesses. Ou quand l'atonie relève de l'effort désespéré. C'est du plus haut comique mais même les running-gags les plus efficaces finissent par lasser et j'ai du prendre sur moi pour ne pas me casser assez rapidement. J'étais curieux quand même de voir avec quel degré de sérieux et d'auto-complaisance la troupe allait mener son entreprise à bien. Et ben, j'ai pas été déçu ! Non seulement le ridicule ne tue plus mais la vacuité assumée se vend bien si j'en juge par les applaudissements des " happy few " qui étaient présents ( Il y aurait d'ailleurs un bon sketch à faire sur les théatreux caricaturaux à souhait qui servaient de garniture haut de gamme au pudding indigeste ). Donc, texte lourdingue et presque impossible ( il y a l'expression " il faut" pratiquement toutes les deux phrases !) tant ce ramassis de " thèses " est un pensum incroyable et mise en scène qui en rajoute des couches et des couches dans la pesanteur en croyant accéder à la gravité. Funeste soirée ! Moi qui ne crois pas un instant en un art " engagé " ( c'est parce qu'il " dégage" que l'art est politique ). Moi qui n'aime rien tant que Guitry, Tardieu, Feydau, j'en ai pris pour mon grade. D'ailleurs pour retrouver mon assiette je me suis passé, une fois chez moi, quelques pièces audio de Guitry dont "le Mot de Cambronne", mot que j'ai failli hurler plusieurs fois pendant la représentation. Maintenant je peux ? Merci. N'allez pas voir ce truc c'est de la MMMMEEEERRRDDEEEE ! Ouf, ça fait du bien. En dessous, un petit plaisir coupable. A pisser de rire.
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