lundi 24 juin 2019

Ce Prince était un roi.

Ça devait arriver tôt ou tard, Prince me manque. Je l'ai chéri de très près, je l'ai admiré et, curieusement, quand il est mort, je n'avais pas éprouvé de tristesse. Il s'était paumé dans des quadruples albums et d'autres opus vendus avec des journaux quotidiens et il était devenu illisible à mes yeux, même si ses disques contenaient de bonnes choses. Ça, on s'en rendra compte plus tard, dans cent ans. Pour l'instant, ces ayant-droits ont entrouvert les portes des inédits et on peut voyager avec délice dans le temps à ses cotés. Et c'est là qu'on comprend qu'il y a un problème avec son nom. Être Prince c'est n'être jamais roi, c'est rester à jamais un mineur assis au pied du trône. Michael Jackson n'avait aucune validité à s'autoproclamer "King of Pop". Il était devenu trop fou et trop mauvais pour mériter ce titre un rien marketing. Néanmoins l'idée de royaume était dans l'air. Un trône était vacant, des sujets réclamaient un chef. C'est Prince qui aurait du décrocher la ceinture "heavyweight" et la couronne. Il suffit d'écouter les versions originales conçues et jouées par Prince de morceaux popularisés par d'autres pour se rendre compte que c'était lui le Patron, lui le Maître, qu'il a eu la main sur la Pop plus que n'importe qui d'autre en son temps. Quand il a intenté un procès à Warner, sa maison de disques, qui entretenait habilement la rareté du génie du bonhomme, quand il s'est mis à s'écrire "Slave" sur la joue, quand il s'est fait appelé AFCAP ou The Artist, il a perdu l'occasion de régner de manière indiscutable sur le business et la musique populaire au même titre qu'Elvis Presley l'avait fait. le Prince est resté Prince et il est mort Dauphin. Mais écoutons amoureusement cet album de pépites originales et rendons lui la couronne qu'il mérite. Il était un Roi. un Roi à la maestria inégalée. Que son règne arrive sur nos cœurs endoloris, béni par nos larmes et nos regrets. En effet, il n'est jamais trop tard pour pleurer. Pleurer d'amour.
Prince: sa version de "Love thy will be done", qui fit un hit pour Martika, est un très beau Gospel comme Elvis aimait en chanter.

lundi 17 juin 2019

Dr John et Mister Paul.

Dr John est mort. C'est évidemment consternant mais ça devait arriver tôt ou tard. Les méta-humains débarrassés de la mort seront débarrassés d'eux-mêmes et n'auront plus l'envie de créer. Pour qui, pour quoi puisqu'on sera encore là dans 100 000 ans ?
En attendant, fini le vaudou blanc, fini le gumbo, fini le chapeau et la canne. Il laisse une béance qui ne sera pas remplie et c'est tant mieux, il y a de la place pour les souvenirs.
Je rends hommage au bon Docteur à travers Paul Weller dont on connait le goût très sûr pour les reprises et qui arpente actuellement le Royaume Uni en mode pépère, pré-chaise roulante. Là, dans ce que je mets ci-dessous, il est au top.
Paul Weller :"Walk on gilded splinters"

Et Dr John lui-même " It don't mean a thing if you ain't got that swing." Certains morts seraient-ils plus groovy que d'autres ? Demandez la réponse à Orphée.

lundi 3 juin 2019

Pour en finir avec la philosophie, son fossoyeur colèrique: Iggy Pop.

En matière de Rock il est quelques phares qui balisent de loin en loin le destin de cette musique tripale et enthousiasmante, malsaine et vivante. Iggy Pop en est un et un maousse. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans l'influence déterminante de Pop et des Stooges. Je serais probablement mort en implorant un quelconque pardon d'un Dieu hypothétique. La matérialité brute du Rock et son esprit explosif et vivifiant m'ont sauvé d'une fin insensée. Aucune philosophie ne tient la route face à cet hymne rageur tiré du dernier album de Pop. Dieu lui-même se casse en catimini. Comme il le dit lui-même dans ce disque : "I'm nothing but my name." James Newell Osterberg Jr, dit Iggy Pop. Moi je ne veux pas de pierre tombale avec mon nom dessus. Rien. Je veux disparaître. Le monde à venir sans moi est une autre histoire, qui ne m'intéresse pas, qui ne me concerne pas. J'ai trop à faire avec l'actuel. Je veux juste qu'il y ait des fleurs, des coquelicots, des marguerites à l'endroit où je serai enterré et où les vers feront leur travail. J'espère que j'aurais fait le mien. Du mieux possible.
En attendant j'envoie chier tous les minables qui font leurs comptes avec Iggy dans cette déclaration de haine fraternelle :"Paraguay"

Un philosophe, un vrai : Tom Petty.

Michel Serres est mort et j'en n'ai rien à secouer. Au contraire ça me réjouirait plutôt. Comme tous les philosophes ce singe savant a bâti des théories à partir de ses traits de caractère en les généralisant. C'est idiot. Le caractère c'est qui reste quand on a oublié tout le reste. Ca arrive à la fin et il est impossible d'en tirer une "philosophie". D'ailleurs la "philosophie" ne sert à rien, sauf à faire mousser quelques intelligences fumeuses, et fumistes. Des idées claires (une ou deux suffisent), de l'élan, des sentiments, des sensations, quelques obsessions, un corps qui fonctionne voilà ce qu'il est nécessaire d'avoir pour vivre, penser et créer. Et des Maîtres d'où tirer les premières et ultimes leçons. En ce qui me concerne, Tom Petty était de ceux-là et son absence se fait chaque jour sentir un peu plus. Celle de Michel Serres ne risque pas de m'affecter (Le Monde titrait il y a deux jours : "Michel Serres, une forme d'universalité à la française"...de quoi vous donner envie d'écouter du Rap de Seine Saint-Denis en fumant de l'héro et d'essayer de fuir le monde ). Quand je pense que ce crétin tintinophile haïssait Astérix et Obélix parce qu'on y fait, je cite "L'apologie du dopage et de la violence". C'est dire le niveau intellectuel de ce mou du bulbe. Qu'il pourrisse en enfer avec Platon et Heidegger. Pendant ce temps-là, je ne le perdrai pas en écoutant quelques pépites de Petty. J'en mets ci-dessous. Ce mec à une voix unique et son groupe tourne comme un moteur de Dodge Charger. (Ca ne vous dit rien ? Tant pis pour vous.)
Tom Petty et les Heartbreakers :"Running down the dream"

Tom Petty et les Heartbreakers : "Southern accents" qui sera repris par Johnny Cash (avec Petty)

Tom Petty et les Heartbreakers en mode psyché-eighties : "Don't come around here no more"

Tom Petty et les Heartbreakers avec la Belle (Stevie Nicks) : "Stop draggin' my heart around"