J'écoute Gainsbourg toute la journée, je glandouille, je marine tranquillement et le soir arrivé, j'apprends le décès de Jeanne Moreau. Bing ! Les liens entre Gainsbourg et Moreau sont légions, il lui avait même promis un album mais, finalement, il ne l'a jamais faite chanter. Je ne mettrais pas un truc de l'un pour l'autre mais je dirais l'importance qu'ils ont eu dans ma vie. Gainsbourg a défini en partie mon esthétique et m'a procuré des émotions musicales et littéraires sans pareil mais c'est encore plus "grave" pour Moreau. Elle fait partie des quelques actrices françaises qui ont construit mon image mentale, fantasmatique, réelle, de la femme. C'est immense. Jeanne Moreau, elle est dans ma tête à jamais, comme B.B., Romy Schneider, Jane Birkin, Isabelle Huppert, Miou- Miou, Danielle Darrieux, plus quelques actrices américaines et italiennes. C'est tordu, Jeanne Moreau a eu sa part dans mes plaisirs, dans mes amours. Ca paraît un peu dingue mais je suis un enfant de la télé au moins autant que de mes parents. Il y a un film que j'adore c'est "Viva Maria", entre Barbot en tendron érotomane, Moreau passionaria, sur une partition enlevée de Jean Claude Carrière dirigée avec vivacité par un Louis Malle en forme, c'est du cinéma bohème de 1920 dans les années soixante-dix et finalement Moreau, pour moi, elle vient de là, de Paul Morand, de Fargue et Brassaï, du Montparno libre des années vingt et trente mais pour le grand public. Ca a mis trente ans à arriver et elle l'a incarnée comme personne cette liberté...Et puis, je ne peux pas rêver d'une meilleure interprète pour le chef-d'oeuvre de Mirbeau "Journal d'une femme de chambre", mis en scène par ce diable de Bunuel. Alors je vais juste mettre une photo et c'est tout, une image, une magie, pas "la" photo, une parmi tant d'autres. Pour Jeanne Moreau, une photo d'elle en blonde platine avec Claude Mann sous la caméra caressante de Jacques Demy dans "Baie des Anges". Le jeu, la liberté, l'amour, la mort.
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