dimanche 27 août 2017

"Rock is dead, they say..." The Who

Je vais te dire un truc. Tu vas mourir. Tu le savais ? Ouais, t'y as jamais vraiment réfléchi... Et bien imprègne-toi de cette idée et maintenant retourne vivre. Je te conseille de t'accrocher à quelque chose (même au Rock) parce que ça va secouer dans tous les sens, et toi, tu seras pas le dernier à t'agiter et à touiller la bouillabaisse en espérant tirer les marrons du feu... En vain ? J'ai pas dit ça. Pour mourir il faut d'abord être en vie. Mais tu vas mourir.

vendredi 4 août 2017

Babx goes to an end.

J'ai découvert il y a peu ce compositeur interprète grâce à ma bibliothécaire préférée, la délicieuse Lucie. Il n'est pas auteur car il met en musique des poèmes plutôt très connus et plutôt très beaux; du Rimbaud, du Genet, du Baudelaire, et là, du Gaston Miron, poète québécois de la seconde moitié du vingtième siècle qui a livré en son temps cette sublime "Marche à l'amour" qui est à la fois un grand poème lyrique et un adieu au Lyrisme. Le mec (ou son groupe) s'appelle Babx et je met le texte en-dessous même s'il le dit parfaitement bien (il en manque un bout). Pendant ce temps-là Phoenix triomphe dans les festivals d'été avec un dernier album pourtant moyen. Bof, c'est bien Phoenix aussi dans son genre.

Tu as les yeux pers des champs de rosée
Tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
La douceur du fond des brises au mois de mai
Dans les accompagnements de ma vie en friche
Avec cette chamleur d'oiseau à ton corps craintif
Moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
Moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir
La tête en bas comme un bison dans son destin
La blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton cou
Pour la conjuration de mes manitous maléfiques
Moi qui ai des yeux où ciel et mer s'influencent
Pour la réverbération de ta mort lointaine
Avec cette tache errante de chevreuil que tu as
Tu viendras toute ensoleillée d'existence
La bouche envahie par la fraicheur des herbes
Le corps muri par des jardins oubliés
Où tes seins sont devenus des envoûtements
Tu te lèves, tu es l'aube dans mes bras
Où tu changes comme les saisons
Je te prendrai marcheur d'un pays d'haleine
A bouts de misère et à bout de démesures
Je veux te faire aimer la vie notre vie
t'aimer fou de racines à feuilles et grave
De jour en jour à travers nuits et gués
De moellons nos vertus silencieuses
Je finirai bien par te rencontrer quelque part
Bon dieu!
Et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
Par le mince regard qui me reste au fond du froid
J'affirme ô mon amour que tu existes
Je corrige notre vie
Nous n'irons plus mourir de langueur
A des milles de distance dans nos rêves bourrasques
Des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
Les épaules baignées de vols de mouette
Non
J'irai te chercher nous vivrons sur la terre
La détresse n'est pas incurable qui fait de moi
Une épave de dérision, un ballon d'indécence
Un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
Frappe l'air et le feu de mes soifs
Coule-moi dans tes mains de ciel de soie
La tête la première pour ne plus revenir
Si ce n'est pour remonter debout à ton flanc
Nouveau venu de l'amour du monde
Constelle-moi de ton corps de voie lactée
Même si j'ai fait de ma vie dans un plongeon
Une sorte de marais, une espèce de rage noire
Si je fus cabotin, concasseur de désespoir
J'ai quand même idée farouche
De t'aimer pour ta pureté
De t'aimer pour une tendresse que je n'ai pas connue
Dans les giboulées d'étoiles de mon ciel L'éclair s'épanouit dans ma chair
Je passe les poings durs au vent
J'ai un coeur de mille-chevaux vapeur
J'ai un coeur comme la flamme d'une chandelle
Toi tu as la tête d'abîme douce n'est-ce pas
La nuit de saule dans tes cheveux
Un visage enneigé de hasards et de fruits
Un regard entretenu de sources cachées
Et mille chants d'insectes dans tes veines
Et mille pluies de pétales dans tes caresses
Tu es mon amour
Ma clameur mon bramement
Tu es mon amour ma ceinture fléchée d'univers
Ma danse carrée des quatre coins d'horizon
Le roet des échevaux de mon espoir
Tu es ma réconciliation batailleuse
Mon murmure de jours àmes cils d'abeille
Mon eau bleue de fenêtre
Dans les hauts vols de building
Mon amour
Des fontaines de haies de ronds-points de fleurs
Tu es ma chance et mon encerclement
A cause de toi
Mon courage est un sapin toujours vert
Et j'ai du chiendent d'achigan plein l'âme
Tu es belle de tout l'avenir épargné
D'une frêle beauté soleilleuse contre l'ombre
Ouvre-moi tes bras que j'entre au port
Et mon corps d'amoureux viendra rouler
Sur les talus du mont Royal
Original quand tu brames original
Coule-moi dans ta plainte osseuse
Fais-moi passer tout cabré tout empanaché
Dans ton appel et ta détermination
Montréal est grand comme un désordre universel
Tu es assise quelque part avec l'ombre et ton coeur
Ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
Fille dont le visage est ma route aux réverbère
Quand je plonge dans les nuits de source
Si jamais je te rencontre fille
Après les femmes de la soif glacée
Je pleurerai te consolerai
De tes jours sans pluies et sans quenouilles
Des circonstances de l'amour dénoué
J'allumerai chez toi les phares de la douceur
Nous nous reposerons dans la lumière
De toutes les mers en fleurs de manne
Puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
Tu seras heureuse fille heureuse
D'être la femme que tu es dans mes bras
Le monde entier sera changé en toi et moi
La marche à l'amour s'ébruite en un voilier
De pas voletant par les lacs de portage
Mes absolus poings
Ah violence de délices et d'aval
J'aime
Que j'aime
Que tu t'avances
Ma ravie
Frileuse aux pieds nus sur les frimas de l'aube
Par ce temps profus d'épilobes en beauté
Sur ces grèves où l'été
Pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
Harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
Ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
Lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
Et qu'en tangage de moisson ourlée de brises
Je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
Je roule en toi
Tous les saguenays d'eau noire de ma vie
Je fais naître en toi
Les frénésies de frayères au fond du coeur d'outaouais
Puis le cri de l'engoulevent vient s'abattre dans ta gorge
Terre meuble de l'amour ton corps
Se soulève en tiges pêle-mêle
Je suis au centre du monde tel qu'il gronde en moi
Avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
Je vais jusqu'au bout des comètes de mon sang
Haletant
Harcelé de néant
Et dynamité
De petites apocalypses
Les deux mains dans les furies dans les féeries
Ô mains
ô poings
Comme des cogneurs de folles tendresses
 
Mais que tu m'aimes et si tu m'aimes
S'exhalera le froid natal de mes poumons
Le sang tournera Ô grand cirque
Je sais que tout mon amour
Sera retourné comme un jardin détruit
Qu'importe je serai toujours si je suis seul
Cet homme de lisière à bramer ton nom
Eperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
Mon amour ô ma plainte
De merle-chat dans la nuit buissonneuse
Ô fou feu froid de la neige
Beau sexe léger ô ma neige
Mon amour d'éclairs lapidée
Morte
Dans le froid des plus lointaines flammes
Puis les années m'emportent sens dessus- dessous
Je m'en vais en délabre au bout de mon rouleau
Des voix murmurent les récits de ton domaine
A part moi je me parle
Que vais-je devenir dans ma force fracassée
Ma force noire du bout de mes montagnes
Pour te voir à jamais je déporte mon regard
Je me tiens aux écoutes des sirènes
Dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques
Et parmi ces bouts de temps qui halètent
Me voici de nouveau campé dans ta légende
Tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
Les chevaux de bois de tes rires
Tes yeux de paille et d'or
Seront toujours au fond de mon coeur
Et lis traverseront les siècles
Je marche à toi, je titube à toi, je meurs e toi
Lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
Je marche à toi, je titube à toi, je bois
A la gourde vide du sans de la vie
A ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
A ces taloches de vent sans queue et sans tête
Je n'ai plus de visage pour l'amour
Je n'ai plus de visage pour rien de rien
Parfois je m'assois par pitié de moi
J'ouvre mes bras à la croix des sommeils
Mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
Avec mes doigts à la ficelle des souvenirs perdus
Je n'attends pas à demain je t'attends
Je n'attends pas la fin du monde je t'attends
Dégagé de la fausse auréole de ma vie.

mercredi 2 août 2017

Jeanne, Jeanne, réveille-toi, il est l'heure. Jeanne, Jeanne, endors-toi, il est temps..

J'écoute Gainsbourg toute la journée, je glandouille, je marine tranquillement et le soir arrivé, j'apprends le décès de Jeanne Moreau. Bing ! Les liens entre Gainsbourg et Moreau sont légions, il lui avait même promis un album mais, finalement, il ne l'a jamais faite chanter. Je ne mettrais pas un truc de l'un pour l'autre mais je dirais l'importance qu'ils ont eu dans ma vie. Gainsbourg a défini en partie mon esthétique et m'a procuré des émotions musicales et littéraires sans pareil mais c'est encore plus "grave" pour Moreau. Elle fait partie des quelques actrices françaises qui ont construit mon image mentale, fantasmatique, réelle, de la femme. C'est immense. Jeanne Moreau, elle est dans ma tête à jamais, comme B.B., Romy Schneider, Jane Birkin, Isabelle Huppert, Miou- Miou, Danielle Darrieux, plus quelques actrices américaines et italiennes. C'est tordu, Jeanne Moreau a eu sa part dans mes plaisirs, dans mes amours. Ca paraît un peu dingue mais je suis un enfant de la télé au moins autant que de mes parents. Il y a un film que j'adore c'est "Viva Maria", entre Barbot en tendron érotomane, Moreau passionaria, sur une partition enlevée de Jean Claude Carrière dirigée avec vivacité par un Louis Malle en forme, c'est du cinéma bohème de 1920 dans les années soixante-dix et finalement Moreau, pour moi, elle vient de là, de Paul Morand, de Fargue et Brassaï, du Montparno libre des années vingt et trente mais pour le grand public. Ca a mis trente ans à arriver et elle l'a incarnée comme personne cette liberté...Et puis, je ne peux pas rêver d'une meilleure interprète pour le chef-d'oeuvre de Mirbeau "Journal d'une femme de chambre", mis en scène par ce diable de Bunuel. Alors je vais juste mettre une photo et c'est tout, une image, une magie, pas "la" photo, une parmi tant d'autres. Pour Jeanne Moreau, une photo d'elle en blonde platine avec Claude Mann sous la caméra caressante de Jacques Demy dans "Baie des Anges". Le jeu, la liberté, l'amour, la mort.