mardi 11 janvier 2011

La Folie

Trois evocations contrastées de l'état morbide. Deux en chanson, l'autre par un texte de Maurice Rollinat. Chacun y retrouvera ce qu'il veut ( ou ne veut pas ).
The Stranglers :


Maurice Rollinat donc : Les Morts vivants

Heureux qui vit sans se connaître
Indéfiniment établi
Dans la paix de son propre oubli,
À la surface de son être !

Car les clairvoyants du destin 
Vivent la mort lente et soufferte, 
Sentant partout la tombe ouverte 
Au bord de leur pas incertain.

Ils ont usé la patience 
Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
Toute leur âme est un cercueil 
Où se débat la conscience.

Leur existence n’est, au fond,
Qu’une spectrale survivance 
Où se confesse par avance 
L’inanité de ce qu’ils font.

Le doute dans sa foi d’artiste, 
De penseur et de citoyen, 
Hélas ! ils n’ont plus le moyen 
D’échapper à ce mal si triste !

Épaves de l’humanité, 
Cœurs vides, naufragés suprêmes, 
Ils traînent le dégoût d’eux-mêmes 
À travers la fatalité.

Hors des mirages, des mensonges, 
Des espérances, des projets,
Ils sentent qu’ils sont des objets 
Fantomatisés par des songes.

D’où leur viendrait-il un secours, 
Puisque leur volonté s’achève 
En constatant la fin du rêve 
À chaque degré de son cours ?

Comme un fruit doué de pensée 
Qui guetterait obstinément 
Le graduel enfoncement 
De la vermineuse percée,

Chacun d’eux, exact à nourrir 
Sa funéraire inquiétude,
Espionne sa décrépitude,
Se regarde et s’entend mourir.

L’idée horrible qui les hante 
Poursuit leur fièvre et leur torpeur ! 
Ils se reposent dans la peur, 
Ils agissent dans l’épouvante.

De tous les néants du passé 
Leur avenir grouille et s’encombre, 
Et leur Aujourd’hui n’est que l’ombre 
De leur lendemain trépassé.

Si bien que la Mort qui les frôle 
Assiste même à leur présent 
Et que son œil stérilisant 
Y lit par-dessus leur épaule.
 
c'est pas triste d'être fou La preuve. En même temps
 ça laisse des marques.
 " Maman a pris le marteau
y'a une mouche sur la tête à bébé....

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