mardi 12 janvier 2010

SHOWDOWN

Je viens juste de revoir "Quarante tueurs" à la télé et j'ai détesté ce film que j'avais naguère aimé. L' épopée en short retaillée à la serpe, rechappée d'un roman de gare comme tant d'autres scenarii de films américains, est moins bien faite que les ampouleries de "Plus belle la vie". Ce n'est pas tant l'irréalisme qui me taquine le cortex que le fait que Fuller nous la fasse "à l'épate", à grands coups de mièvreries soutenues par une multitude de plans et de phrases définitives. Aucun sens de la dramaturgie. Il aurait pu tirer un coup de feu en l'air et faire signe à l'équipe de tournage de plier les gaules après chaque plan tant il semble tous pouvoir servir de support à l'apparition du " The End" hollywoodien. A mon goût le Lyrisme, puisque c'est de ça qu'il s'agit, s'accommode mal de torrents d'exaspération sentimentale perpétuellement en crus et si l'on veut atteindre au Pathétique il faut éviter le surlignage à tout crin d'effets qui finissent par tourner burlesque( N'est pas Minelli qui veut). On trouve d'ailleurs dans ce film plusieurs images qui deviendront d' Epinal dans les westerns parodiques à venir (spaghetti et autres). Il faut sangloter d'une voix clair et en demi-teinte, sinon ce n'est plus un sanglot, c'est un tic . Et j'aimerais bien voir ce que donnerait le film si on l'affublait, comme ça se fait en ce moment, de rires pré-enregistrés. D'ailleurs j'ai vu plusieurs fois Jerry Lewis grimacer dans l'ombre de Barry Sullivan et c'était assez drôle. Reste que j'ai eu l'impression que le film fondait en larmes de crocodile pendant que je ramenais mon milk-shake, lui aussi dégoulinant, vers la décapotable oû m'attendait ma mâcheuse de gomme du soir que je n'aurais plus qu'à cueillir à la fin de ce double feature un rien fatiguant. J'en suis là; à me représenter ce qui à bien pu justifier l'exploitation commerciale d'un tel film et à en entrevoir malheureusement les raisons. On peut être grandiose et économe à la fois, ce n'est pas la question mais grandiose et " cheap", c'est plus difficile. "Cheap"?, késako? Ah, comment dire ? : grossiste de l'émoi, fort des halles exsangue, mémère en bigoudis, quoi... Fuller se paye même le luxe effroyable d' un SYMBOLE à la fin du film, puisque juste avant que l'héroïne, dont le frère a été tué par le héros, parce que le dit frère avait lui même tué... enfin bref, un fringant POULAIN traverse l'écran, comme ça, pour nous dire" coucou nous revoilou, notre vie nouvelle commence" au cas ou on serait un peu trop pris par l'examen de nos chaussures que nous avons commencer à regarder, penauds, il y a pas mal de temps à force de ramasser les post-it qui tombent en rafale.Voila en effet un film bien embarrassant pour moi car jusqu'à nouvel ordre j'aime "Run of the arrow" et the "Naked Kiss" et ça me gênerait de les trouver aussi mauvais. J'ai le sentiment qu' "A change is gonna come "( Faire gaffe, tous les types qui chantent ça meurent peu après) Va-il falloir que je modifie ma définition de ce que Fuller lui-même, dans "Pierrot le fou", nomme comme étant l'essence même du cinéma : l'émotion ? Ou bien cela se passera-t-il sans effort de ma part, moins laborieusement que ce soir, et peut-être cela m'ouvrira-t-il de nouveaux horizons ? Vivement que je revois un Ozu, pour m'en rendre un peu mieux compte Mais j'ai déja une idée. J'ai l'impressiom de me débarbouiller, de me faire la voix. Midlife crisis? désabusion générale ? ou, beaucoup moins grave, un désamour qui grandit pour le cinéma ? Ce qui voudrait sûrement dire que je me mésestime moins et que je préfère ma pédale en sourdine aux trompettes la tête la première dans mes murs de Jéricho. Comme dit Barry Sullivan dans une réplique sans discussion possible du film : "Il faut être GRAND pour pardonner. " Compris, midinette ? Hail Hail Sir !
J'AIME BIEN LA MUSIQUE EN GENERAL MAIS LA... OH LA LA !


ET PIRE ENCORE

Aucun commentaire: