dimanche 13 décembre 2009

LE SUCRE ET L'ARGENT DU SUCRE

Passons sur le cas Polanski, déja réglé ici. A l'heure qu'il est, il se réchauffe au brasier ardent des cheminées de son chalet suisse. Du ghetto de Cracovie à celui des milliardaires de Gstaad se dessine et s'achève un parcours exemplaire de sataniste misérable, forcément misérable. Le cas de François-Marie Banier est plus intéressant. Voilà qu'on cherche des noises à ce dandy riquiqui portant sur lui les marques de la peur du ridicule plutôt que l'écharpe incandescente de la provocation bleu-homard, ou la laisse orange-langouste du défi au crétinisme a coup d'aboiements rauques de doberman travesti. Peter Beard aux petits pieds, apprenti Genet, silhouette pâle du petit théatre Rohmérien, il n'est pas dénué d'un certain talent dans tous les genres qu'il a souhaité illustré d'un travail mineur, certes, mais qui n'est pas sans procurer de menus plaisirs. Pas coupables pour un sou, non même pas louches mais ténus et bien réels. Alors, on reproche à l'homme de vampiriser Liliane Bettencourt et de se faire largement sponsoriser ses passions, monnayées en millions d'euros. La belle affaire ! J'imagine assez bien le type de relations qui peuvent naître entre cette matronne vieillie du luxe cheap et ce Tadzio sexagénaire adolescent. Il y aurait un film à en faire. J'espère que ce ne sera pas Miller, Cantet ou Garcia qui s'y colleront mais plutôt Vecchialli, et en chansons si posssible. Visconti étant fort heureusement sur la touche depuis les annéés cinquantes. Je peux toujours émettre des jugements à l'emporte-pièce sur le travail de Banier, ça ne lui ôtera pas les bonnes raisons qu'il a de se tenir là où il est. Dans ce monde il faut toujours être au contact du magma qui le fait tourner : le Capital. Que se soit pour lutter, pour en tirer partie, pour en jouir il faut se tenir tout contre l'argent, en connaître les codes, les détruire, les pervertir et serrer au plus près la main qui va à la poche de ceux qui en ont ( et qui n'ont que CA ) pour la saisir au vol, d'une caresse ou d'un coup pour que les biftons tombent ailleurs que dans la même pôche, rengainée sans qu'on en ait vu la couleur. L'occasion se provoque ou advient, peu importe, si vous aimez les pourboires c'est votre problème. Là, Banier a atteint le milliard et peut se payer tous les colifichets dont il a besoin. Je souhaite bon vent à l'aventurier des deux rives dans sa course tranquille au trésor. Je lui fait confiance, il est solide et ce n'est pas l'héritière de sang qui peut lui faire peur. Il en sait un bout sur l'héritage Banier et je le regarde, mi-amusé mi-complice, étonné de le voir lutter si facilement et sans se cramer, si proche du corps de la charogne brûlante. Car la lutte est perpétuelle, inachevée, sans pitié et elle continue. Pour tous.

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