mercredi 4 mars 2009

DO THE DOG

Ainsi Iggy Pop va faire un album " francophile" tiré des écrits de Houellebecq et plus particulièrement de "La possibilité d'une île ". Déja il clâme un peu partout son amour des chiens, comme Houellebecq, et affirme qu'il a compris que "ça doit être cool d'être un chien". Il veut dire par là, gentil, pacifique pas comme ces hommes tueurs et ravageurs ( à dire vrai, dans ce cas précis, surtout des pauvres cerveaux des simples d'esprits comme Iggy et Michel. Tiens, si jamais j'ai des chiens un jour je les appellerais comme ça. ). Alors il va donc falloir ranger définitivement Iggy Pop au rayon "connard" ou il ne sera pas seul avec tous ces petits copains post-humains. Rappellons qu'Iggy Pop s'était illustré à la fin des années soixantes avec la chanson " I wanna be your dog" , hymne radical à l'autodestruction et au nihilisme. Sur l'album des Stooges il y avait aussi une chanson intitulé " We will fall" et le leader Pop se balladait à l'époque en arborant un tee-shirt " I wiped out the sixties ", ( " J'ai détruit les sixties"). Effectivement la dernière utopie humaine de l'Histoire, celle des jeunes des années 67-69, a échoué. Depuis le début des Temps, nous autres humains tombons à terre et échouons à devenir des hommes. Il y eut quelques périodes d'accalmie, voire de bonheur, en de certains endroits du monde mais elles furent toujours battues en brèche par notre colère à n'être pas des Dieux ou des chiards tout- puissants. (Cf le bouquin de Freud " Malaise dans la civilisation "). Aprés la dernière guerre mondiale ( je veux dire la deuxième) et sous le choc des bouleversements qu'elle a induit dans les têtes, l'ordre social et les luttes qui allaient avec sont devenus obsolètes et trés vite ( voir le film "Les rendez-vous de Juillet", de Jacques Becker) la jeunesse d'alors, qui commencait à exister en tant que telle, non plus simple transition entre l'enfance et l'âge adulte, et en tant que finalité même de la vie ( c'était assez embryonnaire au début, mais les Zazous de Saint-Germains, parmi lesquels Sartre et Beauvoir allaient faire leur marché, et les Beatniks c'était déja ça) a voulu s'adonner a ce qui était reservé à l'élite bourgeoise et artistique : la jouissance à tout crin, l'affollement des sens jusqu'à l'extase. L'Hédonisme, la course au plaisir sous toutes ses formes et spécialement sexuel fut le nerf sous-jacent de toutes les révoltes et révolutions de l'époque ( même s'il allait falloir passer par une période transitoire de rude discipline, même s'il allait falloir passer 20 ans dans des camps du même nom.) Les trajectoires des acteurs de ces époques furent multiples car pour "ces temps de changements"divers (1962 , Bob Dylan) il n'y eut pas qu'une seule voie. De la lutte armée des "Action directe" et autres "F.R.A" à la méditation transcendentale, de l'acide lysergique, aux communeautés hippies, les jeunes de ces temps-là ont expérimenté beaucoup de choses, parfois avec bonheur (la musique, les premières " poussées" du Bio) , souvent dans le désenchantement (la drogue, les sectes). Ils voulaient " tout, tout de suite" et même si l'aspiration à une sexualité plus libre était, me semble-t-il, légitime, ce Crédo est intenable et constitue en fait la structure cachée d'un corps psychotique ( corps social ou individuel ). Nous autres humains avons toujours de grandes difficultés à imbriquer le collectif et l'individuel sans qu'il y ait trop de casse. C'est comme ça depuis les premières sociétés animistes. Fin 69, dans l'enfer du concert des Stones à Altamont, Californie, l'utopie collective des sixties dans son ensemble (bien dit!) prit fin. "We will fall" avait prédit Iggy Pop. Ne reste en place, comme fil rouge-sang, de cette époque à celle d'aujourd'hui que celui de l'Hédonisme et de le jouissance à tout prix. Iggy Pop, chantre du malaise individuel dans le marasme collectif a largement eu son lot de plaisirs surboostés, et de chair fraîche, à peine croquée sitôt avalée. Houellebecq, pour n'avoir pas eu auprès des filles le succés du guitariste-chanteur du groupe de son lycée a vécu un temps dans l'amertume, avant d'accéder à la notoriété et depuis, de se bien rattraper du temps perdu dans les bordels de Patalya où les boites à partouzes. Nous voila bien seuls avec nos phantasmes millènaires de domination ou de sujétion dans une société qui s'offre à nous permettre de les satisfaire et à disparaître avec nous, une fois le calice bu jusqu'à la lie. Nous sommes aller trop loin dans nos revendications de liberté, confondant émancipation et dérèglement, oubliant que seuls les lois et l'éthique nous émancipent et nous libèrent de la plus grande des tyrannie : celles de nos sens, qui s'alliant à notre raison n'a qu'une fille unique : la barbarie. Alors, Iggy veut s'en tirer, c'est pas le mauvais bougre au fond. C'est comme Houellebecq, il le dit lui-même : il aurait bien aimé que sa maman le regarde et l'aime un peu plus. Faut-il pour autant s'amourracher des chiens et jeter l'espèce humaine au rencart ? Je ne crois pas. Foncièrement même, je suis contre cette idée. Moi aussi je veux m'en tirer et avec ça en étant accompagné de mes frères d'humanité. J'ai trop écouté " I wanna be your dog" en me tapant la tête contre les murs et " God save the Queen" en pleurant et saignant de rage, pour n'avoir pas fini par apprendre de cette rage même qu'il existe un chemin, des chemins vers un bien-être relatif typiquement humain et non canin. Je me battrai donc toujours contre " La possibilité d'une île" de Houellebecq au profit de " l'Amour du monde" de C.H Ramuz (auteur trop peu lu de nos jours) et pour cela je vous demande une chose : éteignez ce putain d'ordinateur et faites quelque chose de vos dix doigts ! Quelque chose qui ne soit pas sexuel ( chaque chose en son temps), qui ne maltraite personne, qui n'aie rien à voir avec la télévision ou Internet. Je ne sais pas moi, jardiner, aller faire une promenade en campagne avec votre chien, regarder attentivement les nuages, prendre une guitare et composer un morçeau. En tout cas, moi, c'est ce que je vais faire !

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