mardi 26 novembre 2013

Daho ? Il est à chiure !

L'autre jour, les relents du dernier titre de Daho m'arrivent aux oreilles. J'entends les rimes en "ure" : "déchirure", "blessure", "usure", bref elles y sont toutes sauf "peinture à l'huile" et "peinture à l'eau". Lamentable sentiment de vide. Et je me mets à penser à Daho, à sa carrière, à ses chansons. Affligeant constat, à part "Week-end à Rome", son premier tube, je n'en connais aucune. Je n'aimais pas particulièrement Alain Bashung mais quand même il me reste plein de choses de lui, et tout spécialement des chansons, matériau fragile s'il en est. Gérard Manset est Dieu, Jacques Dutronc le Diable, et ils chantent, mais quid de Daho ? Une vanité, une étoile morte, un souffle tari (taré) à la racine. Alors pourquoi tout ce tintamarre ? Il est presque aussi nul que Johnny Hallyday !
Les chansons, les Français savent, ou du moins, ils ont su. C'était rive gauche, jazzy, "Jeff", les trucs de moustachus avec du sens ; mais  pas la Pop, le Fun, l'éclate sans le cynisme ou la mièvrerie, bref tout le fond de commerce des Anglais, ça, non, ça leur a toujours échappé. Et ce pauvre Daho qui se la joue amateur éclairé de musique anglo-saxonne, Velvet et compagnie ! C'est qu'il est en deviendrait vulgaire, l'indécent !
Le truc, voyez-vous, c'est que ça fascine, ça hypnotise, ça shamanise un homme qui chante, c'est de la Magie. "Obscure Littérature" dirait notre Etienne, maintenant mûr, mature, nature....Stop, stop, stop voici un petit gars qui dure dure, dure, enfin qui est encore là pour quelques temps : Grant Hart, ancien co-leader d'Hüsker Dü, live avec sa seule guitare, enregistré au Brésil. Pourtant, il va mal, ça se voit, à défaut de s'entendre. N'importe, à coté de ce brillant diamant millénaire, Daho n'existe tout simplement pas. Fluctuat nec Mergitur.

Histoire d'un soir, histoire d'une vie.

Hier soir dans l'émission " Label Pop" de Vincent Théval sur France Musique, excellente intervention de Syvain Vanot sur un sujet qu'il connaît par cœur - à l'occasion d'un coffret-anthologie- Bob Dylan. Vraiment très pro, sans être pontifiant. Il sait à peu près tout et raconte simplement, il donne sa version des faits en s'appuyant sur eux, on écoute, c'est des histoires et presque une petite musique. Comme il devient impossible de trouver quelque chose du Maïtre sur YouTube, j'ai décidé de mettre un de ces classques par Van Morrison et ses Them et un autre par les Walker Brothers.


It's the same old song.

Jake Bugg sort un nouvel album produit par Rick Rubin. Ce dernier a modifié sa politique et il prend désormais les artistes song-writers en début de carrière, dans leur fraîcheur, plutôt que sur le retour comme Johnny Cash et Neil Diamond. Ça change et en même temps c'est pareil. Je ne sais pas ce que vaut l'album de Bugg,"Shrangi-la", ni s'il est à la hauteur des travaux de fin de vie des pré-cités. En tout, cas, comme tout est dans tout et inversement, voici le petit englishe Bugg reprenant très bien un classique d'Oasis. Ceux-ci n'étant pas ceux qu'on croit d'ailleurs. Got it ?

mercredi 20 novembre 2013

2014, c'est SON année.

Et voilà, l'équipe de France est propulsée au Mondial du Brésil grâce à un but de Benzéma et deux de Sakho. Mais, si, en match de barrage pour un ticket brésilien c'est le défenseur central gauche qui marque les buts (enfin, deux sur trois), qui donc les marquera en Coupe du Monde ? llroris ? Abidal ? Roland Courbis ? Nooooon, rien de tout ça ! Didier Deschamps a fourbi son arme secrète, sa surprise du chef : le seul ailier de débordement axial droit ! L'oeil vif, la crête altière, la surcharge pondérale assurant la bonne tenue au sol, le voilà, l'unique, le vrai, le seul : Footix en personne.
Tremblez brasileiros ! Voici le carioca de Corrèze, le forcené de l’Élysée ! Un joueur qui respecte tellement peu sa position sur le terrain qu'il en devient insaisissable, l'Ombre blanche du ballon rond ! Ah, nom de Dieu, ça va chier ! (en plus, en cas de problèmes, il peut avantageusement remplacer un poteau de corner).

mercredi 13 novembre 2013

Jour de Grâce.

Alors là, je craque. Je viens d'apprendre qu'un nouvel opus de Prefab Sprout était sorti. J'écoute, il est bon, et un petit malin de coller une vidéo consistante du jeune Alfred H. par-dessus. Youpi ! En avant toute !

 Je mets une photo de Paddy Mac Aloon. Il est resplendissant.

Jour de Colère

Malicieusement, George-Bernard Shaw disait du "Requiem" de Verdi que c'était "son meilleur opéra". Verdi lui disait ne pas être quelqu'un d'"instruit" et ne pas être capable de faire de la "musique savante". Karajan, quand on lui demandait "- Et dieu, dans tout ça ?" répondait "- Je vais bien merci". Ouais, ouais, ouais, on demande à voir, quoi ! Voici. C'est du lourd. Mise en scène Eisensteinienne parfaite.

mardi 12 novembre 2013

Prix littéraires 2013 : Carton plein pour la merde et un petit article vite torché.

Bon, on touche le fond là. Yann Moix vient à peine d'obtenir le prix Renaudot avec son dernier caca nerveux de 1200 feuillets (oui, oui, le Yann Moix de "Podium" !), Bernard Pivot s'extasie encore sur "l'écriture cinématographique" de Claude Lemaître, Goncourt 2013 (eh oui, les gars !), que la troisième couche arrive et nous aplatit définitivement dans la crotte littéraire : Marie Darrieussecq a décroché le Fémina pour un énième plagiat de Mamie Duras ! Ah, on est mal, on est mal, moi, je vous le dis. Mais ne nous laissons pas abattre. Allons-y gaiement. !

Je vais mettre un extrait. C'est le début. Et puis avant un petit prologue simple. Comme un plaisir simple comme il en est parfois. Simplement. Comme au détour d'une rue qu'on connaît. Une silhouette qui disparaît. Puis revient. S'enfuit encore. C'est P.O.L. L'éditeur et celui qui l'aime, elle. Il rit, lui. Elle se répète son nom : P.O.L. Paul-Otchakovsky-Laurens. Il revient, il la prend dans ses bras, la serre. Trop fort. Il aurait pu s'appeler Pierre-Otchoukoiev-Simons. Mais non. Elle le repousse. Plus loin. Trop. Elle pense à sa queue. Sa belle longue queue d'homme. Cet homme nommé P.O.L. Paul-Otchakovsky-Laurens. En atteindrait-elle jamais le bout ?

Bon, je mets le bidule, vous allez voir que j'exagère à peine. Prologue donc, puis début. Beaucoup plus drôle que moi.

"On prend la mer et on atteint un fleuve. On peut
prendre un avion, je ne dis pas. Mais on atteint un
fleuve et il faut entrer dans le fleuve. Parfois il y a
un port, et des grues, des cargos, des marins. Et des
lumières la nuit. Un port sur la part de delta habitable.
Ensuite, il n’y a personne. Seulement des arbres, à
mesure qu’on remonte le fleuve."


"C’était un homme avec une grande idée. Elle la
voyait briller dans ses yeux. Sa pupille s’enroulait en
ruban incandescent. Elle entrait dans ses yeux pour
suivre avec lui le fleuve. Mais elle ne croyait pas à
son projet. Ça ne se ferait jamais, en vrai. Atteint-on
jamais le Congo ?
Il y avait ce qu’il était lui : un problème. Et sa
grande idée coûtait trop d’argent. Demandait trop à
trop de gens. Et pour elle la grande idée était comme
une autre femme, et elle ne voulait pas qu’il la suive.
« À force de penser au Congo je suis devenu un
Congo bruissant de forêts et de fleuves où le fouet
claque comme un grand étendard. » Il lui lisait
Césaire. Qui n’était pas son écrivain préféré. Mais
qui a laissé de bonnes pages, on ne peut pas dire. Et
qui était noir, ça a son importance. Sans doute. Elle
était de là, elle aussi, désormais. Du pays impossible,
avalancheux et débordant.
Chaque matin elle s’éveillait affligée d’une mala-
die de peau. Ses épaules, ses seins, l’intérieur de ses
bras, tout ce qui venait au contact de lui – sa peau
était creusée de lignes, de broderies. Elles couraient,
incrustées. Elle frottait mais ça ne partait pas. Elle se
douchait mais l’eau n’y faisait rien, et dans le miroir
elle voyait, sous la peau, courir les galeries étroites et
régulières, de fins colliers de perles en creux.
La maquilleuse même n’y pouvait rien. Elle qui
était censée jouer la Française diaphane, ni tatouée ni
scarifiée. Le visage est ce qu’on ne voit pas de soi. Le
dos non plus, je vous l’accorde. En se contorsionnant,
on attrape un éclat d’omoplate, un peu de clavicule et
de reins. Mais on porte devant soi son visage comme
une offrande. Il la voyait. Elle ne se voyait que dans
les films ou le miroir. Ce visage intact, où s’impri-
maient d’autant mieux les marques.
Et lui c’était qui ? Un acteur comme elle, second
rôle un peu connu – on connaît sa tête, pas son nom, et
difficile à prononcer. S’il y avait en lui quelque chose
de militant c’était peut-être ça : cette obstination à
garder son nom – faire carrière avec un nom pareil."


Hum, hum, voyez le genre... C'est assez indéfinissable. Que dire ? Bof, ça parle bien tout seul, non ?

Pour se changer les idées. Le Duke et une partie de sa "Congo Square Suite."


mercredi 6 novembre 2013

Blondes have more fun.

J'ai parlé dans un message précédent du coté "Soul" de Lou Reed. Là, je vais mettre une vidéo de "Sweet Jane" au fond assez "funky". Enfin, au niveau musical déjà, et aussi parce que je n'ai jamais vu une pareil bande de branleurs se la jouer aussi à fond même chez les pires groupes noirs échappés des ghettos de Chicago. Le bassiste toise tout le monde d'un air infiniment supérieur (ah, ça devait donner backstage avec Lou, pour savoir qui allait enculer qui !), le guitariste tricote un méli-mélo délétère et groovy et l'organiste moustachu emballe le tout dans un flacon de Benzédrine. Seul le batteur a l'air à peu près d'équerre et, pour le coup, à l'ouest. Quant à Lou Reed, il fait plus petite frappe que jamais. Il parait que ça a été filmé à Paris. Tu parles, en Enfer, oui !

"Normal, vous avez dit normal."

Le Sarkozisme a changé la manière de faire de la politique en France, un peu comme le Berlusconisme l'a fait en Italie. L'ancien Président de la République Française a inventé une façon d'occuper l'espace médiatique qui ne laissait de repos à personne. Pas un jour sans qu'il se donne un motif d'apparaître à la télé, à la radio et surtout sur le net. Il créait ainsi son propre "buzz" à tout propos, se posant en référent ultime de tous ses ministres (qui tonitruaient eux aussi), de toutes les affaires, de tous les fait-divers, de toutes les situations les plus diverses des français alors qu'il ne gouvernait que pour le profit d'une minorité. Cette façon de diriger, plus simplement cette façon d'être a créé un nouveau rapport du pouvoir aux médias et des médias aux Français, un rapport de dépendance. Sarkozy a alimenté quotidiennement en "infos" des médias qui, par essence plus que par intérêt politique, ont dès lors bruissé, frissonné, joui d'apporter une camelote fraîche (et plus souvent rance) à la population. Et tout le monde s'est habitué à cette camelote, à cette came jusqu'à ce que chacun se trouve "modifié" dans sa manière d'appréhender la politique. Presque à leur insu, les citoyens sont tous redevenus des mineurs (le fameux "Je m'énerve pas, j'explique.." de Sarko), des enfants (ou des sujets) soumis à la férule toute puissante du père. Hollande a dit clairement vouloir s'opposer à cette façon de faire, notamment dans le débat télévisé avec son fameux "Moi, Président de la République....etc, etc" mais il n'a pas compris que le mal était fait, et que si une majorité de français voulait une pause, il faudrait bientôt les ré-abreuver de leur drogue politico-people. La presse s'est gaussé de sa compagne dans les premiers temps, mais pour de mauvaises raisons. Pas parce qu'elle détonait après la déclaration d'intention d'Hollande d'être un président "normal", mais parce qu'elle arrivait après la "Reine" légitime de France, belle, riche, italienne, croqueuse d'homme, génitrice, en un mot, une vraie Médicis. Le Président actuel, en faisant de la politique d'une manière pré-sarkoziste, sans occuper avec assiduité le terrain médiatique joue perdant d'avance, et même s'il essaie de se donner la maîtrise "des temps longs", art dans lequel excellait Mitterand, en prédisant quelques temps à l'avance l'inversion de la courbe du chômage, il ne devrait plus laisser à un Premier Ministre atone le soin d'apporter aux Français leur pain quotidien de... De quoi ? D'exaspération ? Ça n'a pas d'importance d'avoir des résultats ou pas, une cohérence ou pas, de trop peser par l'impôt ou pas, ce qui compte vraiment c'est de taquiner, de titiller, et même d’exaspérer, puis de se dresser comme un phallus qui dirait " STOP, C'EST A MOI QUE VOUS AVEZ A FAIRE ! ET VOUS SAVEZ DE QUOI IL EN RETOURNE !" Cette façon là ne me semble pas être trop dans le caractère de Monsieur Hollande et, personnellement, je m'en félicite, mais il ne devrait pas laisser les premiers énervés venus, en l'occurrence les Bretons (d'un énervement étrange à la fois venu du fond des âges et très moderne puisqu'il lie les prolétaires et les patrons dans le même mouvement) bousiller des portiques hors de prix. On pourrait s'interroger longtemps sur ce soubresaut breton et se rappeler aussi la façon dont, dès 2007, Sarkozy avait envoyé un message très clair à la gauche de l’extrême gauche, qui aurait pu s'opposer physiquement à lui, avec l'affaire de Tarnac. On pourrait aussi appeler Hollande à un peu plus de réalisme politique et à tenir compte de ce qui a changé en France sous le mandat de son prédécesseur, à occuper le terrain, lui et sa première dame, (elle est taillée pour le job), à faire mine, à jouer le jeu du papa-poule, papa-martinet. Ce n'est pas ce qui arrivera. J'en sais gré à Monsieur Hollande car cela correspond à mon caractère et je ne suis pas de ceux qui font ou feront du "Hollande-bashing" et se moque de lui pour son manque de goût pour l'autoritarisme. Le prix à payer de cette maldonne politico-médiatique sera exorbitant, c'est certain. Il vaut mieux néanmoins rester attaché à ses valeurs et à certaines façons de faire plutôt que de se renier pour préserver "un état des choses" qui ira fatalement vers le pire, pardon, Le Pen.
En attendant :
Elle est pas belle, la vie ? J'me moque pas. Je trouve ça beau.

mardi 5 novembre 2013

"Walk on the south side."

T. Model Ford est quant à lui mort l'été dernier dans une indifférence quasi générale en France et certainement dans son propre pays.
Voici un de ses titres qui aurait plu à Lou Reed.

D'ailleurs ces salopards du Sud profond sont des gaillards largement aussi durs à cuire que les New-Yorkais pur jus. Un autre exemple.

Vous voyez de quoi il parle ? Du genre de femmes que Robert Crumb adore. Un peu comme celle-là :

"Walk on the wild side."

Il y a un coté "noir" de Lou Reed. Non, pas un coté obscur, son coté "wild side", ça tout le monde le connaît, c'était son fond de commerce ; non, mais un coté "black", "Soul train", "funky". Un des ultimes bons trucs qu'il ait fait est d'ailleurs une apparition sur le dernier album en date de Booker T., le clavier d'Otis Redding, qu'il accompagnait à l'époque avec ses MG's : "The Bronx". C'est encore une fois "Walk on the wild side",  I mean on the Bronx side of the street, this time.

Et puis, au mitan des années 80, il y eut cette reprise de "Soulman" avec le créateur de la chanson en compagnie d'Issac Hayes, Dave Porter en personne. La chanson originale a du sortir l'année où sortait le premier album du Velvet ou alors un an avant, et Booker T. Jones jouait déjà dessus. Comme il doit jouer sur celle-là. Petite récompense : à la fin, Lou Reed enlève ses lunettes de Rock-Star.